Sainteté pour l'an 2000 » Page couverture

Aquarelle du livre original par Rachel Marsolais
Aquarelle du livre original par Rachel Marsolais

Sainteté pour l'an 2000 » Préface

Je dédie ce livre à tous ceux qui ont soif d'Amour Absolu.

Qui n'a pas soif d'un bonheur inaltérable? Ce bonheur est enfoui au plus profond de toi-même, là où Dieu habite. Ce bonheur, c'est Lui et seul son Esprit Saint est à même de t'y conduire, car le chemin est au-delà de tes seules possibilités humaines.

Je t'invite à te détendre en Sa présence et tu connaîtras un jour l'ultime bonheur de te savoir infiniment aimé pour toi-même, sans qu'il soit question d'aucun mérite de ta part.

Laisse-toi apprivoiser par le Dieu de la gratuité, celui de Jésus-Christ, et toute ta vie s'en trouvera transformée et illuminée par le feu suave de Son Amour.

Tu seras alors devenu(e) un saint, une sainte, non au bout de tes efforts personnels, mais par la seule grâce de Dieu, Lui qui ne regarde pas les mérites mais tient compte seulement de ta soif de bonheur absolu et de Son désir de te combler.

Remerciements

Par ordre d'intervention dans cet ouvrage: Sylvie Provost, ma voisine et amie, qui a révisé mon manuscrit quant à l'orthographe et à la syntaxe; mon époux Bruno, qui s'est dévoué à la mise en page sur ordinateur; Rachel Marsolais, membre de ma communauté cursilliste, qui a accepté de réaliser l'aquarelle de la page couverture, à partir de mon désir d'illustrer trois symboles, à savoir: l'arc-en-ciel, évoquant la première alliance de Dieu avec son peuple; le geyser, représentant la source d'eau vive jaillissant des profondeurs de l'âme et la croix incontournable y conduisant.

Sainteté pour l'an 2000 » Introduction

Je songeais depuis quelques années à écrire sur le cheminement spirituel mais ma nature paresseuse et sûrement mon manque de maturité m'amenaient toujours à différer. Bien qu'une amie ait reconnu mon talent pour l'écriture et m'ait beaucoup incitée à l'exploiter, je considérais toujours les autres mieux placés que moi pour le faire. J'ai d'ailleurs beaucoup lu et j'ai souvent été ravie. Aujourd'hui, je suis encore aussi apathique mais tout est devenu si clair qu'il me semble qu'écrire ce livre sur la sainteté pour l'an 2000 ne me demandera pas trop de travail. J'ai en effet reçu la facilité de m'exprimer et je suis vraiment prête à me révéler.

Place est faite aujourd'hui à une nouvelle compréhension de la sainteté ouvrant de grandes portes à tous ceux qui ne se sentent pas spécialement appelés à une certaine forme de sainteté, véhiculée par le passé, mais qui, dans le fond, ont soif de bonheur absolu.

Je ne suis pas une pionnière sur ce nouveau chemin. Il a été ouvert par Jésus mais Il n'a pas souvent été compris au cours des siècles. Il fallait probablement attendre les développements de la psychologie moderne pour vraiment comprendre Sa pensée, Lui qui était grand psychologue avant la lettre. J'ai bien l'intention de démontrer le bien-fondé de cette affirmation en commentant certains passages des Écritures. Beaucoup sont sûrement plus qualifiés que moi pour commenter les Écritures et expliquer les notions de psychologie mais la question n'est pas là. Je suis unique et moi seule peut apporter au monde l'originalité de mon témoignage, quoique je sois consciente de la résonnance qu'il pourra trouver chez plusieurs personnes.

Dans le fond, mon but premier est de vous présenter mon Dieu d'Amour Adoré, tel qu'Il m'a été donné de Le concevoir. Bien entendu, Il ne peut être compris qu'à travers l'expérience subjective qu'Il me donne de Lui. Son humilité est pure merveille. Seule l'ouverture de mon coeur Lui permet de se révéler à moi et cette brèche est le résultat de mon insatisfaction profonde à ne pas trouver le vrai bonheur.

Oui, tout en moi aspire à la béatitude. Aujourd'hui, je la respire à pleins poumons spirituels et je puis dire en toute vérité que mon bonheur est complet en Dieu. Je suis comblée sans jamais être rassasiée car il n'y a pas de limite à jouir de Lui, la capacité de l'âme pouvant toujours se creuser davantage puisqu'elle est apte à contenir l'infini de Dieu. L'originalité de ce livre est dans le caractère indicible de mon expérience de l'Amour.

Sainteté pour l'an 2000 » Chapitre 1: Un Dieu intérieur, base de tout

Saint Augustin affirme que Dieu lui est plus intime que le plus intime de lui-même. Il n'est pas le seul à le proclamer car c'est l'expérience de tous les mystiques, dont je suis, par la grâce de Dieu. Jésus Lui-même ne disait-il pas: "Le Père et moi sommes un." et "Celui qui m'aime gardera ma Parole, mon Père l'aimera et nous ferons notre demeure chez lui"?

Différentes théologies influencent ma manière de Le voir et de croire. Si je crois en un Dieu créateur de l'univers ayant terminé son travail le sixième jour, j'aurai peut-être tendance à le voir comme un être immuable, dirigeant tout à sa façon et impossible à comprendre. N'est-il pas écrit que les voies de Dieu sont impénétrables? Par contre, si pour moi Dieu crée encore aujourd'hui l'univers, rien n'est fixé définitivement et il y a toujours place pour la nouveauté. Le génie de Dieu se manifeste dans le dépôt caché au coeur de tout être vivant, par un dynamisme de vie, entraînant l'être à se créer d'une certaine façon par lui-même, Dieu demeurant le principe de vie. L'humain est créé à l'image et à la ressemblance de Dieu. Ce dernier crée tout à partir de ce qu'Il est, sans demander avis à personne. Il est donc bien naturel que l'humain, sorti de Ses mains, agisse de la même manière, à partir de lui-même, sans se baser sur du déjà vu.

Voilà, je crois, le hic! Dès son plus jeune âge, l'enfant apprend par imitation, en singeant ses proches. On lui apprend mille et une choses à intégrer à son comportement et ce dernier doit préférablement être conforme aux exigences des autres, s'il veut être aimé. L'enfant assimile donc que pour être aimé, il doit plaire aux autres, devenir semblables à eux. Où est l'espace permettant à l'enfant d'être vraiment lui-même là-dedans? Il n'existe pas par lui-même mais seulement au travers du regard d'autrui. Pour devenir adulte, c'est-à-dire autonome, il doit nécessairement se débarrasser de tout le carcan imposé ne faisant pas vraiment partie de sa nature profonde. La période de l'adolescence, si elle est réussie, lui fera perdre ce fardeau. Toutefois, elle est souvent difficile à traverser, par manque de compréhension de l'entourage n'étant souvent lui-même pas sorti de cette phase et se cherchant encore. L'adolescent doit pouvoir puiser en lui-même sa propre identité, sans s'occuper de l'opinion des autres. Or cela est impossible car le risque est trop grand de perdre leur amour puisqu'il est souvent tributaire du bon ou du mauvais comportement du jeune, évalué par eux.

Seul l'Amour inconditionnel permet à un humain d'être "lui" et cet Amour, c'est Dieu. Tant qu'Il est considéré extérieur à soi, Il ne peut être expérimenté à l'intérieur et c'est comme s'Il n'existait pas même si je dis y croire. Sa rencontre intime me rend libre d'être pleinement "moi", co-créatrice de ma vie avec Lui.

Sainteté pour l'an 2000 » Chapitre 2: Un Amour inconditionnel qui me libère

J'ai trouvé l'Amour inconditionnel dans la connaissance du Dieu de Jésus-Christ. C'est à ce moment-là qu'il a vraiment été clair pour moi que l'Amour divin est complètement gratuit et que mes mérites n'ont rien à y voir. Je me suis laissée aller complètement à cette merveilleuse expérience d'Amour et dans mon enchantement, j'ai déclaré à Dieu que je serais la sainte de la gratuité. Cela voulait dire à ce moment-là accueillir avec allégresse tout ce qu'Il me donnait d'expérimenter de Lui mais sans pouvoir compter sur moi pour lui rendre la pareille, c'est-à-dire faire des sacrifices, me donner aux autres, prier plus, etc. Tout le bagage qu'on m'avait inculqué depuis ma jeunesse au sujet de la perfection chrétienne. J'allais, par Sa grâce, innover! Non seulement je n'allais pas suivre le chemin de mes prédécesseurs dans la voie de la sainteté parce que je n'en avais nullement le goût mais j'allais devenir une grande sainte par Sa seule bienveillance ce qui, j'en étais sûre, serait une plus grande gloire pour Lui puisqu'Il pourrait enfin, grâce à moi, se révéler tel qu'Il est, l'Amour inconditionnel.

En découvrant cet Amour, je sentais en même temps mon incapacité presque totale à Le recevoir. Cela n'a pas été difficile à constater car ces irruptions d'Amour manifestées en moi s'accompagnaient de grandes souffrances intérieures, se répercutant dans mon corps. Je puis dire que la souffrance était proportionnelle à la jouissance et je pensais dans ces moments-là, assez prolongés, que j'allais mourir d'Amour. J'y étais prête. J'ai compris avec le temps que l'Amour en Lui-même n'est pas souffrant. Il semble tel à cause de mes résistances intérieures et inconscientes à Son activité. J'ai éprouvé qu'Il m'était absolument impossible de m'ouvrir à Son action par moi-même car tous mes blocages étaient inconscients. Mon bon vouloir était complètement incapable de les éliminer. Je me suis donc totalement abandonnée au mouvement de l'Esprit Saint en ayant la certitude qu'Il saurait très bien tout faire Lui-même. Je n'avais qu'à L'accueillir.

La raison pour laquelle je ne me sentais pas libre avant d'expérimenter Dieu était l'importance accordée au jugement d'autrui sur moi, même si cela m'empêchait de vivre vraiment. Je n'avais pas les moyens de passer outre, en croyant obscurément ne pas pouvoir me permettre de perdre ce qui pour moi était de l'amour mais en fait, n'en était pas. J'y vois plutôt maintenant des relations de pouvoir. En me sentant aimée inconditionnellement dans mon intérieur, j'avais tout trouvé et le reste n'avait plus aucune importance même si au niveau psychologique, les blessures restaient encore vives. Comme saint Paul, je me disais que si Dieu est pour moi, qui sera contre moi? La liberté réside pour moi dans l'acceptation totale de mon humanité inachevée infiniment aimée.

Sainteté pour l'an 2000 » Chapitre 3: Dieu et moi, nous sommes un, en relation d'Amour

"Qu'ils soient un en nous, comme Toi, Père, Tu es en moi et moi en Toi". Tel est le souhait de Jésus qu'Il réalisera Lui-même par son Esprit dans tous les coeurs ouverts à son Amour. Quelle merveille de savoir que l'unité n'est pas au bout de mes efforts personnels. Cela m'exempte de grandes désillusions. La lente maturation opérée par l'Esprit Saint en moi me conduit à l'harmonie avec Dieu, les autres et moi-même. L'Amour unifie tout, car Il est Sagesse et celle-ci concilie les contraires. Il est aussi pardon ne tenant pas compte du mal en couvrant une multitude de péchés. L'unité se trouve donc dans l'Amour et non dans la supposée perfection, bien relative, balottant au gré des doctrines et des cultures. Pour vérifier l'unité, une certaine connaissance du semblable est nécessaire, au-delà des différences. Dans ce cas-ci, le semblable est l'Amour de Dieu surgissant du fond de moi et que je Lui offre. Dans un même mouvement d'Amour, Il se donne à moi et je m'offre à Lui. Les différences consistent en tout ce que Dieu est et que je ne suis pas. Ma ressemblance avec Lui m'est donnée par grâce.

En proclamant mon unité avec Dieu, cela implique nécessairement mon union avec les autres. Or, rien n'est moins évident, selon les apparences. Mon unité avec eux ne se vérifie pas dans le fait d'être d'accord ou non sur certains points mais dans l'acte de les aimer tels qu'ils sont, avec la certitude qu'ils sont infiniment aimés de Dieu, comme moi, et qu'ils aspirent, même inconsciemment, au même bonheur que moi. Nous sommes tous les enfants du même Père et l'Esprit de Jésus nous rassemble tous dans l'unité de son Amour. Il suffit donc d'être pleinement habités par l'Esprit Saint pour vivre l'unité avec Dieu, les autres et soi-même. Il ne peut y avoir d'unité sans Amour car Il cherche toujours à unir tandis que la haine cherche à diviser. De plus, l'Amour rend égal car Il ne peut accepter un dominant et un dominé. N'étant rien par moi-même, Il m'élève et me transforme en Lui-même pour me rendre apte à Le vivre en plénitude.

Au fil des jours, le sentiment d'unité fluctue. Quand je ne ressens rien, je vis de foi pure, sans appui apparent, quoique je ne perde jamais la certitude de Sa présence. En ce cas-là, j'ai cependant la conviction qu'Il me prépare tranquillement à une expérience encore plus sublime de Lui-même. Cette certitude est d'autant plus ancrée en moi que cela s'est produit très souvent et je n'ai jamais été déçue. Dans l'amour humain, le désir est très important. Il en est de même dans l'Amour divin. C'est pour cette raison, je crois, qu'existe ce petit jeu de cache-cache amoureux excitant l'âme à rechercher Dieu toujours davantage et Lui à se donner à goûter délicieusement et de plus en plus subtilement, à mesure que l'âme se spiritualise.

Sainteté pour l'an 2000 » Chapitre 4: Toutes les dimensions de mon être trouvent leur écho en Dieu

Dieu ayant pris chair dans le corps de Jésus de Nazareth et ce dernier étant la révélation parfaite du Père, j'en conclus que tout ce qu'Il a vécu dans son corps et dans son âme, à travers toutes les circonstances de Sa vie, était conforme à la nature divine. Toutes les facettes de l'être humain traduisent Dieu et Le révèlent comme Amour. Considéré dans Sa déité, Il n'a pas d'émotion. Il ne peut donc pas souffrir ou éprouver des sentiments. Il est principe de toute chose et Il mène tout selon Sa volonté créatrice. Je me pose en ce moment une question: se pourrait-il que le concept de déité soit pure invention de l'humain refusant que Dieu soit seulement Amour? Une expression dit de Jésus: vrai Dieu parce que vrai homme et vrai homme parce que vrai Dieu. L'accomplissement de l'humain se trouve donc en Lui et Il se révèle dans l'humain réalisé.

Je vais tenter maintenant de décrire, pour moi, un humain achevé par la grâce de Dieu, un saint quoi! C'est quelqu'un ayant une conscience très vive de son extrême faiblesse et impuissance mais gardant toujours, malgré tout, son regard tourné vers Dieu avec la certitude que cela même est la grâce de Dieu. Il connaît à fond sa misère existentielle et demeure en paix parce qu'il se sent aimé inconditionnellement. Il a démissionné de ses propres moyens de salut et s'est laissé aimer et travailler par l'Esprit Saint. Il a renoncé à toutes ses connaissances spéculatives sur Dieu pour connaître le vrai Dieu, de l'intérieur.

Dieu a daigné se révéler au plus intime de mon être et j'ai le bonheur de vous Le présenter. D'abord, une surprise: Il aime le plaisir. Comment le saurais-je s'Il ne m'avait fait délirer du plaisir qu'Il est? Je suis donc faite pour goûter Son plaisir et quel plaisir! Il est juste; cela veut dire qu'Il ne peut agir autrement que par Amour. Il est pardon en ne tenant pas compte de mes fautes et me recrée sans cesse de plus en plus conforme à Lui. Il est jouissance merveilleuse de Lui-même et Il me la fait goûter sublimement. Plus je goûte et je déguste Dieu en moi, plus je Le vois, Le goûte et Le savoure dans Sa création. Il me réconcilie avec moi-même et avec les autres. Il est certain qu'absolument rien ne lui répugne dans l'être humain, peu importent les apparences. Il sera toujours plus grand que mon coeur. J'ai souvent tendance à juger et à séparer mais Lui ne juge jamais et unifie tout.

Sainteté pour l'an 2000 » Chapitre 5: La perfection telle que voulue par Dieu passe par la connaissance de moi-même

Quand j'entends parler de perfection humaine, c'est toujours en référence à une conduite morale irréprochable. La sainteté est généralement associée à cette sorte d'idéal et on se désole de ne pas y atteindre. Jésus fait référence à la perfection du Père en tant qu'Il est bon pour les pécheurs mais cela, on l'oublie ou l'on passe tout simplement à côté. En ce qui me concerne, le summum est dans l'accueil en moi, pécheresse, de la bonté miséricordieuse du Père. Dans la réception de cette bonté infinie, j'en viens peu à peu à devenir compatissante pour moi-même et les autres, donc parfaite comme le Père faisant pleuvoir sur les justes et les injustes.

La parabole de l'enfant prodigue me donne clairement de comprendre qu'avec la bonne conscience du fils aîné, je suis inapte à accueillir la bonté du Père car ce dernier ne joue pas dans le même registre que l'autre. Le dénuement du fils cadet, ne pouvant absolument rien prétendre, remue les entrailles du Père. L'aîné se rendait le témoignage de servir son père fidèlement et parfaitement, sans prendre de repos. Il connaissait ses propres qualités et capacités mais il ne voyait pas tout son côté à l'ombre l'empêchant de voir son père tel qu'il était: un homme bon qui ne considère pas la faute de son fils cadet mais son amour pour lui.

Pour bien me connaître, mon côté obscur doit venir à la lumière et se laisser transfigurer par l'Esprit Saint. Dieu n'a qu'une seule exigence: être en vérité devant Lui. C'est la définition de sainte Thérèse d'Avila sur l'humilité vraie. Sans cette connaissance profonde de ma misère existentielle, je suis dans l'illusion totale car j'ai tendance à croire que ma bonne volonté, mes vertus et mes bonnes oeuvres ont du poids devant Dieu. Ne me voyant pas en toute vérité, à la fois sublime et misérable, j'essaie d'aller vers Lui à la manière humaine consistant à être aimée parce que je suis aimable alors que précisément le propre de Dieu est d'aimer ce qui est indigne. Pour permettre à Dieu d'être vraiment Lui-même, compassion infinie, il me faut de toute urgence lui présenter le monstre intérieur dissimulé en moi afin que baigné dans son Amour, il devienne mon meilleur ami, sans plus jamais en avoir peur.

Seule une certaine expérience de l'Amour, même ténu, a la puissance de me révéler à moi-même en toute vérité. En effet, en l'absence de Son regard, je ne peux faire autrement que de vouloir cacher mon abjection car j'ai intégré, par mon vécu passé, que pour être acceptée, il me faut être aimable et exceller aux yeux des autres, en adoptant les critères moraux véhiculés par la société et la religion. Il n'est donc pas question de viser un idéal illusoire ne sachant même pas satisfaire mon entourage car, je le crois, il n'y a rien de pire que de côtoyer des personnes supposément parfaites. Il s'agit tout simplement de laisser Dieu être Lui-même mon accomplissement en ne perdant jamais de vue mon impuissance totale à me sanctifier et en fixant mon regard constamment sur Lui.

Sainteté pour l'an 2000 » Chapitre 6: Tout est grâce et tout mène à mon accomplissement

En Dieu, j'ai la vie, le mouvement et l'être. Autant dire qu'Il me donne tout et ne pouvant prétendre à aucun mérite, c'est par pure gratuité. Il m'a créée "capax Dei", capable de Dieu. Mon ultime accomplissement est de jouir parfaitement de Lui, dans la sublimité de l'Amour. En me créant potentiellement apte à Le recevoir, Il a déposé en moi un principe ayant pour mission de me conduire à Lui, même inconsciemment. En effet, une insatisfaction profonde me taraude le coeur et me force à poursuivre le bonheur. Cette course toujours déçue dans ses résultats m'amène à être découragée de moi-même et à chercher ailleurs et autrement; encore là, toujours inconsciemment puisqu'en trouvant le bonheur, je reconnais ce que j'avais toujours désiré sans le savoir. Il n'est nullement glorieux pour moi d'être conduite ainsi à mon insu mais comment pourrait-il en être autrement puisque par ma vue si courte, je ne sais voir que la réalité d'ici-bas? Il y va de la discrétion de Dieu voulant me laisser vivre pleinement mon expérience humaine afin de me rendre compte par moi-même, aidée de sa grâce, que ma source de vie est au-delà des réalités terrestres, aussi belles soient-elles.

Il est long le chemin de la connaissance de moi-même car je vis dans une culture du faire, du paraître, de la compétition et du rendement où tout m'est proposé pour m'étourdir et m'empêcher de réfléchir. Cela dit, je ne crois pas les siècles précédents meilleurs. Le rythme y était différent mais, à ce que je sache, les saints ne couraient pas plus les rues. Combien de gens et de circonstances furent sur le moment causes apparentes de mes blessures mais se sont révélés être grâces de Dieu par la suite en étant tout simplement devenus des révélateurs de celles-ci? Tout ce qu'il m'arrive, situations et personnes, est là pour me révéler à moi-même. Un des secrets de ma vie maintenant est qu'au lieu de rendre autrui ou les événements responsables de mon malaise, je m'interroge à savoir ce que j'ai à apprendre sur moi-même grâce à eux. Tout est disposé dans mon existence pour mon plus grand bien et je trouve la vie merveilleusement bien faite car elle est un livre de sagesse grand ouvert pour qui veut bien se laisser instruire.

La question est maintenant de voir si j'irai vers mon accomplissement à reculons ou plutôt en suivant le courant de la Vie. Avant de recevoir la révélation de Dieu en moi, je ne Le connaissais pas vraiment et j'allais nécessairement à contre-courant car il est bien difficile d'aller vers l'inconnu allègrement. Depuis qu'Il m'a touché intimement, je me laisse flotter sur les eaux de sa miséricorde et elles m'emportent au pays de ses merveilles.

Quoi qu'il en soit, bon gré ou mal gré, la Vie reste toujours Elle-même et cherche toujours mon accomplissement final, même à mon insu. Au jour de ma mort, ou après, je constaterai le tout de la grâce et à ce moment-là, en toute connaissance de cause, si cela n'a pas déjà été fait auparavant, je pourrai choisir Dieu ou le refuser. Le choisir, c'est m'accepter et le refuser, c'est me renier car je suis prédestinée à jouir de Lui infiniment.

Sainteté pour l'an 2000 » Chapitre 7: La merveilleuse école de ma souffrance

Pour connaître le chaud, il me faut expérimenter aussi le froid. Le jour contraste avec la nuit et le blanc est tel en comparaison du noir. Chacun de ces éléments n'est ni mieux ni pire que son opposé. Tous trouvent leur place et leur bien-fondé dans l'univers. Ainsi en est-il de la souffrance. Elle m'avertit de mon désordre et m'invite à dépasser ma façon limitée de voir les événements et les personnes. Elle a reçu mission de me conduire à la compréhension de moi-même et par là au bonheur. N'est-il pas écrit dans l'Écriture qu'il ne connaît rien celui qui n'a pas été éprouvé.

La souffrance me permet de discerner mes limites, mes faiblesses, les énigmes de tous mes mécanismes instinctifs et ma soif d'Amour absolu. Sans elle, il m'est impossible de me connaître à fond car coexistent en moi l'ombre et la lumière, la première étant dévoilée par la seconde. Ces deux réalités étant nécessaires pour pouvoir distinguer l'une et l'autre, il me faut donc les accepter également toutes les deux. En effet, éprouver une souffrance d'insatisfaction me permet de la reconnaître et de tenter d'y remédier. Si mon corps ne souffre pas de sa maladie ou d'un certain désordre, je m'en vais peut-être à mon insu dans la tombe sans rien faire pour me soigner. Ma souffrance m'oblige à me regarder en face et à voir les choses telles qu'elles sont. Grâce à elle, ma conscience s'éveille et cherche son bien. Le comble de tout est que sans une certaine observation de ce qu'elle est, je ne réaliserais même pas mon bien-être. Cela dit, elle est inévitable et peut être bénéfique si je sais la comprendre et m'en faire une alliée précieuse voyant si bien à mes intérêts. Pour rire un peu, je dis qu'avec elle comme amie, je n'ai pas besoin d'ennemis. Elle est une compagne ne demandant pas mieux que de s'effacer quand elle constate sa mission terminée mais elle est tenace et ne lâchera pas avant.

Dans mon expérience consciente de Dieu, la souffrance fut très présente pendant trois ans. Elle fut pour moi un indicatif sûr de l'ampleur de mes résistances mais je peux dire que ma joie était quand-même complète car la perception de la jouissance de Dieu primait. Mon inaptitude à jouir de Lui sans interférence, loin de me décourager, m'a poussée au contraire à m'en remettre complètement à Lui, convaincue qu'Il me mènerait à ma perfection en Son temps. Ces expériences m'ont fait vivre quelque chose de semblable au vécu des masochistes qui jouissent dans la souffrance. Je me suis sentie très proche d'eux et je vous livre mon explication de ce phénomène. En tant qu'être humain profondément blessé, il ne semble pas naturel de vivre dans la félicité sans un certain contrepoids de souffrance. Pour des raisons obscures, le psychisme a associé le plaisir et la douleur et l'être ainsi affecté ne peut sortir par lui-même de ce mécanisme inconscient et compulsif.

Sainteté pour l'an 2000 » Chapitre 8: Je suis faite pour le bonheur

Je le dis sans ambages, mon bonheur, c'est Dieu. En Lui, ma béatitude est complète car Il ne fait rien à moitié. Jésus n'a-t-il pas dit qu'Il était venu pour nous donner la vie et la vie en abondance? Je le crois, le bonheur c'est de se sentir bien vivant, en paix, joyeux et en amour, au-delà des circonstances heureuses ou malheureuses de l'existence terrestre.

Si je n'étais pas conçue pour le bien-être, je ne pourrais pas vivre l'état nommé malheur. La connaissance des deux conditions m'est nécessaire pour bien évaluer l'un et l'autre. En effet, la profondeur de mon mal-être mesure exactement ma capacité de bonheur. Selon les philosophes, la nature a horreur du vide et l'on ne peut vivre deux états opposés en même temps. À cause de cela, ma capacité à souffrir égale celle de jouir.

Je fais ici l'analogie avec ma relation avec Dieu et j'en déduis qu'autant je jouis maintenant de Sa présence intime, autant j'ai souffert de son absence apparente, même si je n'en étais pas consciente. Tout ce que je peux dire de ma souffrance en ce temps-là c'est que souvent, je respirais à peine et tous mes efforts pour le faire normalement étaient vains.

Pour moi, le bonheur inaltérable est gratuit et ne dépend de rien de connu puisqu'il se trouve dans la communication spirituelle de Dieu à l'âme. Ce bonheur-là peut se vivre dans les pires situations car il ne découle pas d'un bien-être psychologique. Les béatitudes évangéliques y font référence.

Certainement, Dieu ne dédaigne pas le bonheur humain atteint par soi-même, en suivant les lois du processus psychologique. Ces lois sont de Lui et Il a tout disposé pour notre bien-être. Notre mission humaine de nous réaliser pleinement commande même de travailler à y tendre. Ceci étant dit, l'équilibre humain est très fragile car il ne faut pas grand-chose pour le déstabiliser. À cause de cela, il me faut aller plus en profondeur pour atteindre mon roc d'être qui pour moi est le Christ, le rocher qui me sauve. À ce niveau-là, rien ne peut m'ébranler puisque l'essentiel ne peut m'être enlevé.

Je lie tout de même les domaines psychologique et spirituel car l'humain est un tout indivisible. Le diviser, c'est le mutiler et le défigurer. L'expérience spirituelle influence grandement l'état psychologique mais ce dernier, par lui-même, sans la grâce de Dieu, n'a pas accès au domaine spirituel. Autrement dit, ce qui est né de la chair reste chair et ce qui est né de l'Esprit est Esprit. Ce dernier transfigure la chair et la rend divine, corps du Christ.

Qu'ai-je fait pour en arriver là? Rien, justement, car cette béatitude n'est pas de l'ordre du faire mais de l'être. Je me suis assise en présence du Seigneur et je Lui ai donné carrément beaucoup de temps sans rien attendre. Je ne savais d'ailleurs pas à ce moment-là qu'il soit possible de recevoir la révélation de Sa présence en moi. Aussi, quelle merveilleuse surprise à Sa première manifestation, après environ un an de souffrances morales et de pleurs.

Sainteté pour l'an 2000 » Chapitre 9: Ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas

Cette phrase de l'évangile est exclusivement mentionnée en relation avec l'indissolubilité du mariage. Jésus la cite effectivement dans ce contexte. Sans vouloir en diminuer la portée par rapport au mariage, je veux au contraire l'élargir en l'appliquant à d'autres secteurs.

Le premier est le couple corps et esprit ou corps et âme. S'il est un lieu où l'homme a séparé ce que Dieu a uni, c'est bien celui-là. En effet, pour les juifs, il n'y a pas de division entre la chair et l'esprit ou âme. Les deux forment un tout indissociable et la chair n'est nullement un obstacle à la vie de l'esprit. Au contraire, le corps participe à sa façon à la vie de l'âme. Un organisme malade révèle un esprit impur et un organisme sain signifie la pureté de l'âme. Les grecs ont une vision différente. Pour eux, le corps entrave la vie de l'âme et elle ne peut s'épanouir pleinement tant qu'elle en est prisonnière. Il est vu comme une malédiction chassée par la mort.

La tradition judéo-chrétienne a hérité de la philosophie grecque, ce qui explique la difficulté bimillénaire de joindre l'âme et le corps dans un tout indivisible. Pour moi, la plus belle preuve de l'union indissoluble du corps et de l'âme se trouve dans le corps glorieux de Jésus après Sa résurrection. Une autre preuve à l'appui de cette affirmation nous est donnée en Jésus, Dieu incarné. Il a vraiment fait l'expérience pleine de son Père dans son âme et son corps a même été transfiguré, au moins une fois, témoins à l'appui.

Je considère, en toute humilité, que j'ai une expérience semblable à celle de Jésus et je confirme que le corps n'est pas du tout un obstacle à l'expérience plénière de l'Amour de Dieu. Certes, l'âme non intièrement purifiée souffre et le corps participe à sa misère. Par la suite, l'âme peut jouir autant qu'il lui est donné, le corps participe docilement à sa béatitude. Je vais plus loin et j'affirme qu'étant créée corps et âme à l'image et à la ressemblance de Dieu, l'orgasme sexuel est à la chair ce que la jouissance de Dieu est à l'âme. Les deux ne se comparent cependant pas car la dernière est bien supérieure à l'autre et surtout, pour moi, elle dure beaucoup plus longtemps. Toutefois, c'est la plus belle analogie, rapportée même dans le Cantique des Cantiques.

Le deuxième secteur est celui du tandem intérieur homme-femme. J'insiste sur le mot intérieur car chacun le porte en soit. Ce duo est une découverte de la psychologie moderne. Puisque je suis une femme, la culture m'a imposé sa vision de la féminité avec ses qualités et ses défauts. Les hommes sont dans la même situation de leur côté. Il en a résulté d'avoir longtemps cru qu'il me fallait un homme pour être complète. Les Écritures étaient aussi là pour le confirmer pusiqu'il est écrit que l'homme et la femme ne feront plus qu'une seule chair. J'ai réalisé, grâce à mon expérience de Dieu, ma complétude. Je n'ai donc pas besoin du sexe opposé pour me sentir entière. C'est absolument merveilleux de réaliser mon autonomie affective, puisque Dieu me comble infiniment. J'ai encore la capacité d'aimer physiquement un homme car Dieu ne détruit pas la nature, Il la perfectionne. La différence, c'est que maintenant, je n'en ai plus besoin car je n'ai plus l'impression d'être en manque. J'ai la liberté d'accepter et d'offrir ce surcroît pour la gloire de Dieu afin qu'Il se réjouisse du bonheur de ses enfants dans leur corps et dans leur âme. Je suis corps du Christ et je considère la plénitude de joie et de satisfaction qu'a Dieu de contempler son enfant Le glorifier par son corps, avec son corps et dans son corps.

Le troisième domaine se situe au niveau du bien et du mal. Il est écrit dans la Parole que tout est pur pour celui qui est pur. Si je me réfère à Adam et Ève dans le paradis terrestre, tout allait bien pour eux dans le vécu de leur nature humaine grâce à la relation qu'ils entretenaient avec Dieu. J'en déduis qu'aussi longtemps que l'être humain est uni à Dieu, le mal moral n'existe pas. La désunion avec Lui amène la confusion et l'opposition. Saint Jean de la Croix écrit que l'âme impure prend le bien pour le mal et vice versa. En effet, sans la grâce de Dieu, je ne sais pas vraiment discerner entre les deux. Toutes les instances terrestres ont leur propre vision de l'un et de l'autre. Les différences voient le jour selon l'endroit, la culture et la religion. Pour Dieu, le seul mal est de ne pas accueillir la gratuité de Son Amour. Toutes les autres malédictions découlent de là. Le mal est parent avec la souffrance et comme elle, il peut être mis au service du bien. En effet, si je vis dans le mal, je vais souffrir en conséquence parce que je suis créée pour le bien. Le jour où je n'en pourrai plus de souffrir, j'ose croire à un minimum d'estime de moi-même pour vouloir m'en sortir.

Pour terminer, une quatrième division, le duo conscient/inconscient. Le conscient s'apparente avec l'homme nouveau et l'autre est du côté du vieil homme. Encore là, il ne s'agit pas de séparer ou d'opposer mais de réconcilier. Le vieil homme est tel parce qu'il agit inconsciemment, ne tenant pas compte de sa vraie nature. La difficulté consiste à penser être conscient sans l'être, d'être mené de l'intérieur par tout un bagage psychique composé de mécanismes de défense et de "patterns" rendant esclave de ses émotions refoulées et non identifiées. L'homme nouveau agit selon Dieu par sa conscience, sachant comprendre et aimer le vieil homme. Se sentant compris et accepté, il cesse d'avoir peur et de se défendre. Il se réconcilie par le fait-même avec Dieu, lui-même et finalement les autres.

Sainteté pour l'an 2000 » Chapitre 10: Le bien et le mal réconciliés

La Sagesse concilie les contraires. En elle, tout est unifié. Les humains divisent et se permettent de juger abondamment. La Sagesse orchestre tout en vue du Bien suprême: mon accomplissement en Dieu.

Tout ici-bas est connu par contrastes. Le bien et le mal n'y échappent pas. L'un et l'autre ont une grande part de relativité, dépendant du point de vue observé. Dans l'univers, notre conception du bien et du mal est invalide. Par exemple, si je considère les catastrophes naturelles, je peux de mon point de vue juger cela comme négatif, mais dans la réalité vivante du cosmos toujours en mouvement, c'est très positif puisque tous ces chambardements passés font la Terre si belle.

Je transpose maintenant du point de vue de mon accomplissement spirituel et je dis, comme saint Paul, que toutes les souffrances du temps présent ne sont rien à comparer à la gloire devant se révéler en moi. Et j'insiste pour bien spécifier qu'elle est une réalité à vivre ici et maintenant. Cette splendeur est la vie du Christ en moi se manifestant sous forme d'une jouissance profonde de ce qu'est la vie de Dieu dans son intimité.

En fait, ce qui, de prime abord, se présente à moi comme un malheur peut se révéler ultérieurement comme un bienfait. La raison en est que mon jugement est souvent très partial et partiel. Il est partial quand je pense seulement à mon petit moi superficiel attaché aux choses terrestres et ne sachant pas voir plus loin que le bout de mon nez. Il est aussi partiel car je n'ai pas en mains tous les éléments nécessaires pour exercer un bon discernement.

Ceci s'applique aussi dans le sens contraire où je crois voir un avantage s'avérant en fait un préjudice. Supposons une allergie à la pénicilline qui me serait inconnue. Je crois bien faire d'en prendre pour guérir une infection quelconque et je me retrouve dans un très mauvais état à l'hôpital. Ou je me crois en bonne santé, n'ayant aucun symptôme de maladie mais en fait, je suis presque aux portes de la mort.

Une médaille présente toujours deux côtés. Quel est le meilleur? L'endroit et l'envers sont désignés par convention mais les deux sont nécessaires à son existence. Il en va de même pour toutes les réalités de la vie. Si je comprends et accepte la vie telle qu'elle est, j'irai sereinement mon chemin et mon bonheur sera complet puisqu'il ne dépendra pas du jugement partial et partiel porté sur les circonstances entourant mon existence. La vie est ainsi faite qu'il m'est toujours possible de tirer le bien du mal et d'en anéantir pour moi la portée ou, du moins, d'en atténuer les effets. Il me faut pour cela élever mon regard au-delà des contingences des réalités terrestres, tout en demeurant les pieds bien sur terre car autrement, cela devient une fuite dans le spirituel. Toutes les réalités d'ici-bas demandent à être spiritualisées et cela ne pourra être réalisé qu'en cessant de vouloir contrôler, séparer et maîtriser par ma seule intelligence humaine limitée, fragmentée et faillible sans l'apport d'une intelligence supérieure venant de l'Esprit Saint et qu'Il veut bien donner à tous les humains assoiffés.

Sainteté pour l'an 2000 » Chapitre 11: Ma liberté au risque de perdre

J'ai été créée pour la liberté et loin d'être un état de fait acquis, j'ai à le rendre effectif de plus en plus. Pour moi, la liberté ne se résume pas au libre arbitre car ce qui en apparence peut sembler un choix libre n'en est pas nécessairement un. Pour en être ainsi, je dois pouvoir évaluer le plus justement possible le pour et le contre; c'est-à-dire agir en toute connaissance de cause. Or, demeurent en moi un nombre incalculable de déterminismes inconscients me menant à mon insu et rendant ma vie remplie d'incohérences et de mensonges. Malgré toute ma bonne volonté, je ne peux être authentique car une grande partie de moi-même m'échappe, tout en étant révélée quand même par mon langage non verbal et mon attitude inconsciente. Pour être vraie, il me faut accepter de faire la lumière sur mon côté ombrageux renfermant mes blessures et les mécanismes de défense s'y rattachant sans en rendre personne responsable. Une autre étape verra l'expression de mon malaise et l'observation vigilante de ses éléments déclencheurs pour devenir de plus en plus maîtresse de moi-même. L'ultime étape est l'expression juste de mon moi profond à travers la créativité.

Le passage précédent indique la marche psychologique à suivre pour devenir vraiment libre. La connaissance livresque de ces étapes est très récente. Je peux dire cependant que même si je les ignorais, je les ai vécues à travers mon cheminement spirituel. Ce constat me convainc de la compatibilité de la spiritualité avec la psychologie. D'autant plus que Dieu étant un, Il ne peut nous avoir créés pour être divisés en nous-même, tiraillés entre l'humain et le divin. Je n'insinue pas ici que la liberté psychologique mène à l'expérience de Dieu car celle-ci n'est pas le fait d'une continuité mais un saut dans la foi. Je crois cependant qu'elle rejaillit sur la dimension psychologique car l'Amour nous veut pleinement humains et divins.

J'en viens au risque de perdre, qui est grand et réel. En effet, je suis partie prenante d'un jeu relationnel fonctionnant en vertu de certains principes conscients et inconscients. Si j'en modifie un élément, l'ensemble s'en ressent et le système cherche à se défendre car il lui faut toutes ses modalités pour survivre. Les relations entretenues avec autrui ne sont plus les mêmes et ils se sentent insécurisés, déstabilisés. Je deviens une étrangère et l'inconnu appeure souvent. On cherche alors à me ramener dans le "droit chemin" et si je ne veux pas obtempérer, on ne peut me rejeter car les gens aiment leurs semblables. La mise à distance peut aussi venir de moi, sans aller jusqu'au rejet. Je peux en effet estimer l'autre et me respecter en m'éloignant afin de voir plus clair en moi et de mieux me réaliser car ma première mission consiste à devenir pleinement moi-même, telle que rêvée par le Père, de toute éternité.

Sainteté pour l'an 2000 » Chapitre 12: Je me reçois de Dieu

Je n'ai rien que je n'aie reçu car tout a été déposé en germe en moi, de la même façon que le chêne trouve sa source dans le gland. Ma vie est un temps donné pour explorer et exprimer mon être dans toutes ses dimensions.

J'ai vécu une grande partie de mon existence sans être moi-même car je ne savais pas qui j'étais vraiment. Je vivais beaucoup par rapport et en considération des autres. Maintenant, je me connais davantage et je me sens merveilleusement libre grâce à l'expérience de l'Amour inconditionnel de Dieu. Par cet Amour gratuit, il m'a été possible de toucher mes blessures profondes et de m'accepter telle que je suis, avec mon bagage de misères, d'impuissances, de lâchetés, de culpabilités, etc. Constatant mon impuissance totale à me délivrer par moi-même, j'ai tout offert à Dieu en lui laissant la pleine responsabilité de me guérir et de me transformer peu à peu. Je reconnais l'Esprit Saint comme l'artisan de mon être accompli car Lui seul pouvait me libérer de toutes mes entraves inconscientes. En effet, les principaux obstacles à l'Amour de Dieu sont inconscients et profondément enfouis en moi. Puisqu'il en est ainsi, je ne vois pas du tout comment, même avec toute ma bonne volonté, je pourrais faire sauter des barrages sans en connaître d'abord l'existence.

Me recevoir de Dieu humainement et surtout spirituellement ne m'enlève en rien ma liberté, au contraire. Je la trouve toute en effet dans ma communion avec Lui car Il est infiniment libre et me veut parfaitement autonome et créatrice de moi-même. Il se cache en moi pour mieux resplendir à travers moi. Par Lui, avec Lui et en Lui, je vis, je me meus et je suis.

Ce qui est né de la chair reste chair et ce qui est né de l'Esprit est Esprit. Saint Paul affirme première la naissance de l'homme psychique et deuxième celle de l'homme spirituel. S'il en est ainsi, d'où chacun vient-il? À mon avis, le premier est le produit de l'évolution cosmique et n'a reçu régence que sur les réalités terrestres palpables et impalpables. Le second vient de l'Esprit de Dieu et est rendu capable par ce fait de Le connaître intimement car l'Esprit pénètre tout, jusqu'aux profondeurs de la divinité. L'homme spirituel a le pouvoir de guérir et de transformer l'homme psychique par sa supériorité mais ce dernier ne peut par lui-même accéder à l'autre car cela le dépasse. Tout mon vécu spirituel passé, présent et à venir est un pur don de Dieu puisque toutes ces expériences ne peuvent s'exprimer avec des mots humains que par analogies et sont au-delà de toute connaissance humaine ordinaire, quoique la vie divine soit l'aboutissement ultime de l'être humain.

Malgré le fait que Dieu me soit intérieur, donc faisant partie de moi-même, je ne peux y avoir directement accès par mon intellect et ma volonté. Il me faut faire un saut dans la foi pure car Il ne se laisse atteindre ici-bas que par elle et l'Amour, il va sans dire. Le chemin menant au plus intime de moi-même m'est inconnu. Seul l'Esprit Saint le connaît. Tout ce qu'Il me demande, c'est une disposition intérieure à L'accueillir passant par la prière du coeur.

Sainteté pour l'an 2000 » Chapitre 13: Mon expérience de la contemplation

J'ai appris que la contemplation peut être acquise ou infuse. Mon expérience a trait à celle dite infuse, don de l'Esprit Saint. Je ne connais pas l'autre forme pouvant être atteinte par soi-même car je n'ai jamais suivi de méthode de prière. Dans la contemplation infuse, l'âme passive est mue par l'onction de l'Esprit Saint, au gré de Sa volonté. Cet état ne peut être commandé mais seulement amoureusement accueilli. Par ce moyen, Dieu se donne à connaître et à aimer en faisant goûter à l'âme les délices de Son Amour. Elle Lui devient ainsi semblable puisque cette expérience reçue de Lui devient la sienne propre.

Parvenu au sublime état du mariage spirituel, l'âme peut goûter son Dieu suavement et délicieusement, sans être importunée par les différentes souffrances caractéristiques d'une purification inachevée. Cette contemplation infuse lui est accordée sans aucun mérite de sa part. Cette expérience dépasse infiniment tout ce qui peut se vivre de meilleur sur la Terre. L'être humain y trouve sa fin ultime le conduisant à vivre une plénitude sereine.

Selon saint Jean de la Croix, un des signes de la présence probable de l'état contemplatif se révèle alors que l'âme ne peut plus méditer à l'aide de son entendement. Dans mon cas, je soupçonne cet état depuis l'âge de vingt ans car j'étais incapable de réfléchir: je tournais en rond. Ne connaissant rien aux choses spirituelles, j'ai vraiment été conduite et travaillée par l'Esprit Saint à mon insu.

Un jour, après avoir beaucoup souffert par rapport à la morale religieuse, je me suis sentie invitée à m'asseoir et à me laisser aimer et travailler par l'Esprit Saint. C'est ainsi que du jour au lendemain, je m'assoyais quarante minutes en silence une ou deux fois par jour. Le temps semblait rétréci à tel point d'avoir l'impression d'être restée seulement dix minutes. Fait spécial à noter, je ne minutais jamais mon temps de silence. Je m'assoyais et me laissais aller, en laissant mon esprit vagabonder avec Dieu. Quand je décidais d'ouvrir les yeux, quarante minutes pile venaient de s'écouler. À ce moment-là, je ne vivais rien de particulier à part de prendre souvent conscience de ne penser à rien et d'en être d'ailleurs incapable. De plus, mes larmes coulaient abondamment et sans émotion ni motif apparent. Elles avaient la particularité de ne pas me laisser les yeux rougis. Ce phénomène est identifié comme celui du don des larmes.

Après onze mois de ce régime et avoir été rejetée d'un groupe de partage de l'Évangile quelques jours auparavant, j'ai demandé au Seigneur: "Coudon Seigneur, comment est-ce que je vais savoir que je suis rendue à la septième demeure?" La réponse ne se fit pas attendre. Un flot d'amour est monté à l'intérieur de moi, j'en ai tremblé de tous mes membres durant assez longtemps et à la fin, j'étais très fatiguée. À un moment donné, au cours de ce temps, je disais intérieurement: "C'est ça, Seigneur, c'est ça qu'il me faut. Ma place est dans ton lit. Oh! fais qu'à chaque respiration je vive ça." Il était environ treize heures trente, le 6 février 1985. Le reste de l'après-midi, je n'avais qu'à y penser et je vivais les relents de cette merveilleuse première visite de Dieu. J'expérimentais le ciel sur la terre et je me croyais rendue à la septième demeure. Ce n'était pas encore le cas mais l'entrée dans les fiançailles spirituelles, ce que j'ai su un peu plus tard. Je ne connaissais vraiment rien au cheminement spirituel, à part de savoir que la septième demeure est l'état de sainteté le plus élevé que l'on puisse atteindre ici-bas. Je le savais depuis l'âge de seize ans, alors que mon père s'était procuré le livre "Je veux voir Dieu" et il disait que la septième demeure signifiait le mariage spirituel.

Une nuit, quelques jours plus tard, je me suis réveillée et j'ai senti mon coeur se déchirer et se dilater en même temps que j'éprouvais une jouissance intérieure merveilleuse. J'ai alors dit: "C'est ça, déchire-le mon coeur, Seigneur." J'ai vraiment compris à ce moment la parole de l'Écriture disant: "Je lui enlèverai son coeur de pierre pour lui donner un coeur de chair". Je n'en revenais pas d'avoir un coeur si dur. À la mesure de l'intensification de la jouissance correspondait une douleur déchirante d'une telle intensité, à croire d'en mourir. J'aurais voulu partir dans cet état merveilleux et je disais au Seigneur: "Ah Seigneur, c'est comme ça que Tu fais mourir tes saints. Tu les fais mourir d'Amour!" J'ignorais à ce moment-là que la souffrance révélait le manque de souplesse de mon âme. Cette torture extrême et merveilleuse me purifiait pour me rendre apte à jouir de Dieu parfaitement, sans interférence de mon inertie intérieure.

Ces visites divines perduraient et se succédaient pendant une même nuit et plusieurs nuits d'affilée. Elles s'interrompaient ensuite pour un temps plus ou moins long et elles reprenaient de plus belle. Durant environ trois ans, différentes souffrances se manifestèrent pendant ces périodes, presque toujours accompagnées de jouissances ineffables. À vrai dire, elles étaient joyeusement acceptées car les avantages étaient sans prix. À l'instar de saint Paul, je dis que les souffrances du temps présent ne sont rien à comparer au poids de gloire qui nous est destiné et possible à vivre ici et maintenant car c'est l'essence du Royaume des Cieux annoncé et témoigné par Jésus-Christ.

Grâce à ces expériences, j'ai compris que la véritable conversion n'est pas de mon ressort et ne dépend pas de mes efforts pour me changer. Elle est opérée par l'action de l'Esprit Saint en moi oeuvrant à me conformer peu à peu au Christ-Jésus. Je n'ai pour ma part, qu'à accueillir et à subir le travail de transformation s'opérant en moi, le plus souvent à mon insu.

Sainteté pour l'an 2000 » Chapitre 14: Je vis le Ciel sur la Terre

La plupart des gens situent le ciel après la mort physique et après avoir fait une bonne vie. Ma conception est très différente. Le paradis, c'est: ici, maintenant et gratuit; sans aucun mérite de ma part. Son essence est de vivre de Dieu, le bonheur parfait. Lui seul peut me donner d'y accéder car cela est tout-à-fait au-delà de mes capacités, même si l'âme est potentiellement "capable de Lui", car créée à Son image.

Cet éden intérieur expérimenté dans ma communion avec Dieu se manifeste aussi à l'extérieur car ces deux points de vue sont les deux faces d'une même réalité. L'Écriture ne dit-elle pas que tout ce qui est caché doit être révélé au grand jour? La purification des yeux de mon âme me donne de voir toute chose dans la beauté et le plan de Dieu. Il pleut ou le soleil luit pour tout le monde mais chacun vit ces mêmes conditions selon son état d'âme. Par exemple, le temps peut être splendide mais si je me sens malheureuse comme les pierres, je ne l'apprécierai même pas. Par contre, il peut tomber des clous, si je suis transportée de joie, j'irai sous la pluie en chantant. Le Royaume des Cieux vécu au quotidien se manifeste beaucoup à travers les événements apparemment anodins de l'existence. C'est la rencontre fortuite d'une personne aimée; c'est manger en tête-à-tête avec une amie au restaurant; c'est rendre un petit service en passant; c'est trouver un vêtement beau, bon et pas cher; c'est tomber sur un livre intéressant m'éclairant sur ma vie, etc. Ces faits en eux-mêmes n'ont rien d'extraordinaire, mais la conscience avec laquelle je les perçois fait toute la différence. En effet, avec la certitude d'être guidée en tout par l'Esprit Saint et que tout concourt à mon bien, je réalise le Royaume des Cieux parmi nous. Tout est dans la façon de voir et de comprendre les choses; humainement ou divinement, la manière divine étant l'accomplissement ultime de l'humain.

Ce bonheur céleste ne dépend pas des circonstances extérieures. Je le vis à travers les viscissitudes de la vie. Jésus a dit: "La paix que je vous donne, le monde ne la connaît pas et rien ne peut vous l'enlever". La confiance et rien que la confiance, c'est tout ce dont j'ai besoin pour me savoir en sécurité dans ma marche à travers les tempêtes et les fragilités de l'existence. Elle m'est donnée pas à pas et je marche avec elle en aveugle, sûre d'arriver à bon port car l'Amour me conduit et Il ne peut ni me tromper, ni me décevoir. La foi a ceci de particulier qu'elle est agissante seulement au moment présent, quand tout semble perdu. Autrement dit, elle est manifestée à la toute dernière minute. La raison est bien simple. Dieu n'agit que dans l'instant et mon inquiétude ou mon impatience n'y changeront rien. Il veut me voir vivre comme Lui et ainsi tout arrive à point, selon Sa volonté aimante. Je Le laisse mener ma vie depuis environ quatorze ans et je n'ai jamais eu à le regretter. Tout est de plus en plus merveilleux.

Sainteté pour l'an 2000 » Chapitre 15: Je suis tout pour Dieu et Il est tout pour moi

En Amour, il n'y a pas de demi-mesure. C'est tout ou rien. Les saints témoignent de l'absolu de Dieu pour eux. L'inverse est aussi vrai puisque l'Amour rend égal. Les amants sont seuls au monde. Ils se suffisent à eux-mêmes. Il en est ainsi dans ma relation avec Dieu. Évidemment, cette expérience est tout-à-fait subjective mais non moins réelle. Dieu ne pouvant se diviser, Il ne peut que se donner entièrement. Il est "tout en tous". Ce grand mystère demande à être accueilli d'abord avant d'en comprendre quoi que ce soit.

Il est "tout en tous" signifie pour moi qu'Il est la plénitude du bonheur auquel tout être humain aspire. Tout est déjà là au fond de moi mais je suis trop loin de moi-même pour en prendre conscience. En donnant souvent du temps gratuit à Dieu, dans une attention et une attente amoureuses, Il a le champ libre pour se révéler à moi et ainsi me rendre à moi-même car mon identité spirituelle est intimement liée à la Sienne et m'est révélée en participant à Sa gloire. Si je puis affirmer être tout pour Lui et qu'Il soit tout pour moi, c'est simplement grâce à ma communion intime avec Lui où je ne fais qu'un par Lui et en Lui, dans l'unité de l'Esprit Saint.

Cette merveilleuse expérience d'union d'Amour n'est cependant pas exempte de souffrances intérieures quoiqu'elles soient très rares à ce degré de purification. Saint Jean de la Croix affirme que l'âme pénètre plus avant dans le mystère de Dieu par la souffrance. Voici mon explication: l'âme peut se dilater à l'infini, étant de nature spirituelle, et elle peut encore y rencontrer quelques résistances. Cela peut être aussi une grâce de participation aux souffrances du Christ car nous sommes tous solidaires les uns des autres. Quoi qu'il en soit, ces souffrances spirituelles sont librement acceptées par l'âme "enamourée". Elle sait que Dieu Lui-même, s'étant incarné en Jésus, souffre par elle, avec elle et en elle et que tout concourt au bien de Ses amants.

Je suis tout pour Dieu car vivant de son Amour identifié à Lui-même et qui est don entier de Lui-même, Il se reconnaît parfaitement en moi et Se reçoit de moi entièrement dans l'offrande de Lui-même. Autrement dit, Dieu jouit de Lui-même en moi et dans cette jouissance qu'Il me fait goûter, je deviens par le fait même une seule et même jouissance avec Lui. Je m'offre ainsi à Lui complètement dans cet état extatique et délicieux. Dieu est fou de joie de me contempler ainsi jouissant de Lui car c'est à cette fin sublime qu'Il nous a tous destinés, dès avant la création du monde. Il s'est fait homme pour amener l'homme à devenir comme Lui. L'humain atteint sa maturité dans l'expérience ultime de Lui et Il est pleinement révélé par l'humain devenu conscient de son être divinisé.

Sainteté pour l'an 2000 » Chapitre 16: La justice de Dieu devient la mienne

Selon les Écritures, l'homme juste opère selon son coeur. Abraham eut foi en Yahvé et cela lui fut compté comme justice. Saint Paul parle aussi de la justification par la foi au Christ-Jésus. Vu sous cet angle, il n'est pas question d'une justice telle que nous l'entendons habituellement et ayant trait à l'exercice des droits en relation avec autrui. Selon la justice biblique, sans écarter l'équité relative aux privilèges de chacun, il s'agit plutôt pour l'homme de procéder conformément à sa nature profonde. Ainsi, l'homme droit ne se demande pas comment se comporte son voisin pour guider sa conduite sur lui, mais il agit selon sa conscience, même si les autres se moquent de lui ou réprouvent celle-ci.

J'ai trop souvent entendu dire "Dieu est bon mais Il est aussi juste", comme si ces caractéristiques pouvaient s'opposer en Lui. Le cas échéant, Il ne serait plus Dieu car tout est unifié en Lui et aucun de Ses caractères ne peut être en opposition avec un autre. On ne peut tout au plus parler de paradoxe quand on ne comprend pas que chaque attribut de Dieu est solidaire de tous les autres. Sa justice se retrouve donc dans Sa bonté, Sa miséricorde, Sa patience, Sa magnificence et Son pardon. Elle consiste alors à influer en accord avec ce qu'Il est: l'Amour et seulement l'Amour ne tenant pas compte du bien ou du mal en l'autre mais seulement de Sa propre bonté désirant le réhabiliter afin qu'il puisse vivre heureux, en harmonie avec lui-même, les autres et Dieu.

Quand Jésus nous demande d'être parfait comme Son Père, Il nous indique en quoi se résume cette perfection: le Père fait tomber la pluie sur les justes et les injustes car Il est bon et veut que tous comprennent Sa bonté et s'y conforment, pour leur propre bien-être. Ayant saisi l'essence de la justice du Père et voulant m'y rallier parce que j'ai découvert Sa volonté adorable ne souhaitant que mon bonheur, de toute mon âme je l'accueille et je me laisse transformer par elle jusqu'à l'anéantissement total des écarts entre ma volonté et la Sienne. Seule compte pour moi Sa volonté aimante car je la reconnais comme la mienne propre cachée au plus profond de moi-même car je suis à Son image. Il ne peut faire autrement que de me demander d'agir conformément à ma conscience profonde, spirituelle. En fait, Sa justice et la mienne ont toujours été mystérieusement liées en moi puisque l'Esprit Saint réside au plus intime de tout homme. L'essentiel est de m'habiter assez profondément pour y avoir accès et je ne peux y arriver par ma volonté consciente. Je demande donc à l'Esprit Saint de m'y mener afin de devenir ce que je suis vraiment: l'Amour trouvant sa justification dans la soumission à Lui-même.

Sainteté pour l'an 2000 » Chapitre 17: Charité bien ordonnée commence par moi-même

La charité est l'Amour vécu au coeur de la Trinité et n'a pas grand-chose à voir avec mes conceptions humaines utilisant trop souvent ce mot à contresens. L'Amour y est en général défini comme un sentiment me poussant vers les autres pour satisfaire mon besoin d'aimer et d'être aimée. Vraiment, ce désir est fondamental mais compter sur autrui pour mon bonheur mène inévitablement à l'impasse car si je n'ai pas trouvé le bonheur en moi-même, je ne le trouverai pas non plus à cause des autres.

Pour trouver la félicité en moi-même, il me faut absolument m'habiter intérieurement pour être branchée à ma source identifiée au Christ. Quand j'espère un bien-être venant des autres, je ne vis plus selon la réalité exigeant que tout être vivant soit mû de l'intérieur et trouve sa plénitude en lui-même. Je projette alors mon besoin d'amour sur eux et il me revient insatisfait car rien d'extérieur à moi ne peut me donner ce qui doit nécessairement surgit de l'intérieur. Puisqu'il en est ainsi, si j'ai un tant soit peu d'estime pour moi, je ne courrai plus après un bonheur humain aux mille illusions ne pouvant que me décevoir mais j'entrerai résolument en moi-même et j'y chercherai là ma source d'eau vive qui ne tarit jamais et m'apporte la paix d'un bonheur tranquille. Soit dit en passant, c'est plutôt elle qui me trouvera car là où elle se cache, je ne peux y avoir accès par mes propres moyens conscients; mais elle me cherche depuis toujours.

L'Amour doit d'abord trouver place en moi pour ensuite rayonner au dehors et être contagieux. Ma partie cachée doit aussi venir à mon champ de conscience pour que je l'identifie et en devienne maîtresse; sinon, je la projetterai sur les autres et elle me mènera inconsciemment, hors de mon contrôle. Jésus me dit d'aimer mes ennemis or, mes premiers ennemis sont d'abord ceux qui m'habitent. Ils me semblent hostiles parce que je ne les connais pas et l'étranger fait souvent peur. Je tente alors de m'en débarrasser en les projetant sur les autres et ainsi je me prive d'une partie de moi-même ne demandant qu'à être reconnue et apprivoisée. Le premier acte de charité à me faire est donc de permettre à la partie ombragée de mon être d'émerger dans la lumière pour pouvoir la présenter à mon Dieu d'Amour qui l'intégrera peu à peu à mon être conscient pour me rendre unifiée, en me sentant complète. À ce moment-là, je ne chercherai plus inconsciemment chez les autres ce qui semble me manquer et ayant réalisé ma plénitude, je pourrai donner gratuitement, sans attendre de retour car le propre de l'Amour est de se répandre sur tout chose.

Bien loin d'être de l'égoïsme, l'amour de soi est la base de tout car celui qui ne s'apprécie pas ne peut aimer les autres tels qu'ils doivent être aimés: gratuitement et comme ils sont. Il projette alors machinalement sur eux la partie niée de lui-même pour la leur reprocher. Je dois donc me laisser guérir par l'Amour pour devenir un miroir sans tache où les autres pourront se voir tels qu'ils sont et apprendre, par ma manière d'être, à s'accepter sans condition.

Sainteté pour l'an 2000 » Chapitre 18: Qu'est-ce que l'Amour

Ah l'Amour! toujours l'Amour! On en parle, on Le chante, on Le cherche et on Le reconnaît seulement quand on L'a trouvé. Sa quête est incessante mais on a peine à Le décrire avec des mots car Il vient d'un pays inconnu enfoui au fond de chacun de nous. Il me saisit mais Il est insaisissable. Il me séduit dans son jeu de cache-cache amoureux où Il excite mon désir de Lui et Se révèle pour Sa joie et la mienne. Il s'identifie à ses fruits qui sont la bonté, la douceur, la patience, la miséricorde, la confiance, l'humilité, l'espérance et la magnanimité. Pour l'être intériorisé, Il se révèle bonheur parfait, plaisir délirant et jouissance ineffable, le tout baignant dans de merveilleux délices. Le connaître intimement me dit qui je suis vraiment, au plus profond de moi, en réalisant qu'Il est le meilleur de mon être et mon ultime accomplissement.

L'Amour se done entièrement. Il ne craint pas d'aller au bout de Lui-même, se sachant inépuisable. Plus Il se donne, plus Il veut se donner davantage car le propre de l'Amour est de donner sans mesure. Il est plénitude de vie et Il dispose tout pour amener tout être à son plein épanouissement car Il ne fait rien à peu près et se complaît dans l'absolu. Mon bonheur l'obsède et Il ne néglige rien pour m'en donner mille preuves, d'une multitude de manières. Je ne demande jamais de signes au Seigneur mais j'en ai à profusion. Tout est là pour qui sait voir. J'aime m'abandonner à Lui, au gré des événements heureux ou malheureux. J'y trouve toujours mon compte car Il transforme tout pour le meilleur. Il me guérit de mon mal-être et de mes vagues-à-l'âme qui sont la révélation de mon appel intérieur au bien-être et à la plénitude. Cet appel intérieur est trop souvent non entendu ou pris à la légère.

L'Amour en moi chante et m'enchante. Il m'élève au-dessus du train-train quotidien et transfigure mon regard sur toute chose. Il se manifeste souvent comme un je-ne-sais-quoi; c'est presque rien et pourtant c'est tout. Allez y comprendre quelque chose! C'est néanmoins la vérité. C'est la paix du coeur et de l'esprit et la confiance inébranlable en la Vie tirant toujours son épingle du jeu. Il s'agit de ne pas se troubler et d'être vigilant car la conscience d'une transformation intérieure suit l'épreuve de près, pour qui sait être attentif à son vécu intime et l'accepte pleinement.

L'Amour, c'est la compassion envers soi-même et les autres car Il ne tient pas compte du mal. C'est en effet la peur du châtiment, surtout non identifiée, qui nous tient enchaînés intérieurement et nous empêche d'accéder à la lumière libératrice car dans l'Amour, il n'y a pas de crainte. Il est souvent associé à la souffrance mais Il ne fait pas souffrir. Il est plein de douceur, de délicatesse, d'ivresse, de délices, de plaisir, de paix et de joie. Mes résistances intérieures à Ses avances sont cependant pénibles et si profondes qu'il me faut subir les souffrances purificatrices, sans les comprendre, mais en ayant la conviction qu'elles sont inévitables et nécessaires pour briser mes barrages secrets et faire place à l'Amour pur.

Sainteté pour l'an 2000 » Chapitre 19: Vivre dans la vérité, c'est l'humilité

La première fois que j'ai vu l'humilité associée à la vérité, c'est en lisant l'oeuvre de Sainte Thérèse d'Avila. J'ai été surprise et du coup, une toute nouvelle compréhension élargissait mon horizon. Selon le dictionnaire, l'humilité est synonyme d'abaissement volontaire. Il n'est donc pas surprenant que la mentalité perdure car il est rare d'avoir l'audace de remettre en question monsieur Larousse. Toutefois, en reculant au seizième siècle où a vécu cette doctoresse mystique reconnue par l'Église catholique et à sa façon de se comparer souvent à un ver de terre, sans doute pour elle, l'humilité vraie était le fait de reconnaître son néant. Elle voulait dire, avec raison, qu'en ne le reconnaissant pas devant Dieu, elle n'était pas dans le vrai et que Lui, étant la Vérité, se devait de l'éclairer à ce sujet. Je ne remets pas du tout ce point de vue en question.

Certainement, par moi-même, créature terrestre, je ne suis rien et ne peut prétendre à rien. Cependant, par Sa grâce, Dieu a fait de moi son enfant chéri. À ce titre, les perspectives changent du tout au tout et il ne s'agit plus de m'abaisser mais de me voir et de m'accepter telle que je suis vraiment, avec mon côté lumineux et son antonyme. L'être humain, sans la grâce de Dieu, refuse de voir et d'accepter son côté sombre car son expérience l'a convaincu que pour être accepté par ses pairs, il doit se conformer à leurs exigences; sinon, c'est le rejet et il ne peut psychologiquement se le permettre. Il se cache donc inconsciemment de son côté ombrageux et il croit tout réglé. Le problème, c'est que la face voilée, loin d'être disparue, veut se manifester et être reconnue car elle fait vraiment partie intégrante de lui-même. Elle se dévoile donc par des moyens détournés comme les projections et les "patterns", ces derniers étant des répétitions continuelles de modèles de comportements appris et intégrés sans remises en question. Plus la part inconsciente occupe d'espace par rapport à la partie consciente, plus l'être humain agit automatiquement et a l'impression de ne pouvoir maîtriser sa vie.

Aujourd'hui, à la lumière d'une pénétration plus profonde de la psychologie, je vois l'humilité associée à la vérité sous un angle différent. Il n'est plus tellement question ici de me comparer à l'être de Dieu qui me dépasse infiniment mais de me laisser regarder amoureusement par Lui afin que me découvrant inconditionnellement aimée, je n'aie plus peur de voir mon côté sombre. Je le Lui présente maintenant dans une offrande d'Amour et en le voyant dans Sa lumière, je réalise le potentiel créateur qui s'y cache.

Être authentique, donc humble, c'est admettre que sans la grâce de Dieu, je ne puis par moi-même me transformer en profondeur et surtout être apte à Le vivre. Par ailleurs, c'est aussi reconnaître tout ce que j'ai reçu de Lui et en témoigner avec beaucoup d'audace car souvent, sous le couvert de l'humilité, une fausse modestie s'y cache par le biais de laquelle je cherche dans le fond à être recunnue et valorisée.

Sainteté pour l'an 2000 » Chapitre 20: L'essence de ma sainteté

Ma sanctification ne m'appartient pas. Elle n'est pas la perfection obtenue au bout de mes efforts ni de mon bon vouloir quoique ma volonté ait un rôle important à y jouer. Dieu seul est saint; il ne peut donc y avoir de sainteté en dehors de Lui. Elle est essentiellement participation à Sa vie intime et je ne peux y parvenir par une conduite morale parfaite, fut-elle possible, car elle est une grâce. Tous y sont appelés mais personne ne peut y prétendre de plein droit. La raison en est que même si Dieu habite essentiellement le plus profond de l'âme de chaque être humain, nul ne peut y avoir accès directement par l'unique pouvoir de sa volonté; seule l'ouverture du coeur à l'Amour y conduit.

Communier à la vie intime de Dieu approfondit ma compréhension de Sa volonté essentielle souhaitant que tous adhèrent à Son Amour et y trouvent conséquemment leur ultime accomplissement dans la béatitude. Ma joie est de chanter les louanges du Seigneur et de proclamer sans fin ses merveilles. Je n'éprouve aucune réticence à le faire car Il est tout pour moi et le reste m'importe peu. Il est devenu aussi naturel pour moi de témoigner de Lui qu'auparavant ce l'était de parler de tout et de rien. Cela coule de source. De plus, je ne vois aucun problème à déclarer ma sainteté car elle n'est pas à ma gloire mais à celle de Dieu seul. Mon témoignage Lui rend hommage puisque étant bien consciente de ne pouvoir prétendre à aucun mérite, il est bien évident que c'est Son oeuvre.

À la suite de grandes souffrances intimes révélatrices d'un travail profond déjà commencé à mon insu, j'ai reçu la grâce de vouloir profondément me laisser aimer et transformer par l'Esprit Saint. La souffrance est en effet toujours associée à un désordre et elle invite à y remédier. Je m'abandonnais alors avec la confiance décisoire qu'Il pouvait tout si je me laissais complètement faire. Il ne fallait surtout pas me casser la tête à vouloir comprendre. Mon cheminement ne m'appartenait plus et il était bien clair pour moi de ne rien tenter de mon propre chef pour me changer et devenir supposément meilleure chrétienne. Cela n'était plus de mon ressort car mes tentatives à ce sujet s'étaient avérées des échecs complets et je n'avais pas le courage d'essayer encore.

Eh bien, apparemment Dieu m'a donné raison sur toute la ligne. En réalité, c'est Lui-même qui a mis en moi toutes ces dispositions intérieures me conduisant à Lui car étant la Vérité, Il ne peut que mener par ce chemin consistant à reconnaître humblement mon impuissance totale à me sanctifier. En effet, l'oeuvre de ma sanctification est justement d'être rendue apte à vivre de Sa vie qui me dépasse infiniment.

En fait, même si chacun porte en germe la capacité de vivre Dieu, étant tous créés à Son image, il y faut le divin jardinier intérieur pour mener à terme la croissance de notre potentiel spirituel car Lui seul sait ce dont nous avons vraiment besoin et Il veille avec un soin jaloux sur notre croissance. Il est l'Amour et son seul but est de nous rendre comme Lui, tout en conservant notre état de créatures différenciées de Lui.

Sainteté pour l'an 2000 » Chapitre 21: Mon combat spirituel

Pour déjouer, combattre et vaincre un adversaire, j'ai avantage à mettre toutes les chances de mon côté en connaissant le plus possible ses tactiques, ses forces et ses faiblesses. Je dois aussi me connaître très bien pour évaluer mes chances de réussite. En me surestimant par rapport à lui, j'essuierai une cuisante défaite et en me sousestimant, je n'aurai certainement pas le courage de l'affronter. Je le fuirai ou je m'en accommoderai en ne faisant pas trop de vagues.

Advenant le cas où je déciderais de mettre en pratique la parole de Jésus m'invitant à aimer mes ennemis, les premiers à aimer ne sont-ils pas mes adversaires intérieurs? Ils me sont cachés car je les ai inconsciemment enfouis dans mon subconscient à la suite de blessures intimes car j'étais incapable à ce moment-là d'en assumer l'affliction. Ces ennemis me semblent tels parce qu'ils me sont inconnus. Je me sens ainsi insécurisée et j'ai peur. Pour me défendre d'eux, je les projette inconsciemment sur mon prochain et ils me deviennent maintenant extérieurs. Je vois alors plus clair pour les combattre et je ne me gêne pas, alors, de tenter de changer chez l'autre ce qui en fait m'habite. C'est l'illustration parfaite de la parabole de la poutre et de la paille. Plus je suis aux prises avec le problème, plus je le vois gros chez autrui.

Tous ces ennemis grouillant dans leur cachette et me faisant si peur ne demandent pas mieux que d'être reconnus, acceptés et apprivoisés car ils ont eux aussi besoin d'Amour inconditionnel pour s'épanouir et se révéler ainsi être en fait des amis serviables. Ils se cachent das l'ombre parce que la lumière de l'Amour leur est refusée. Ils sont donc condamnés à vivre tant bien que mal, séparés de leurs antonymes cependant nécessaires pour trouver leur harmonie. S'ils demeuraient tranquillement dissimulés, cela ne serait peut-être pas un si grand mal mais voilà, ils cherchent de toutes les façons à se manifester et ils sont tenaces. Ils emploient à cette fin les "patterns" et les projections. Ils y vont à fond de train pour causer d'énormes ravages dans les relations interpersonnelles qui dégénèrent en guerres de toutes sortes. Et voilà! L'autre l'a bien cherché! Il n'a que ce qu'il mérite! En fait, mes projections me reviennent par un effet de "boomerang" et je me blesse en blessant l'autre. Quel gâchis! Personne ne s'en sort; c'est un cercle vicieux.

Le combat spirituel consiste justement à arrêter de me battre avec moi-même et avec autrui. Pour y arriver, il y faut la lumière et la force de l'Esprit Saint car sans elle, c'est l'échec total. Le réflexe du combat est tellement ancré en moi qu'il m'est humainement impossible de ne pas réagir aux stimulis déclenchés par les circonstances de la vie et mes relations interpersonnelles. Quoi qu'il en soit, Rome ne s'est pas bâtie en un jour et c'est avec patience et pleine espérance que je laisse l'Esprit d'Amour me réconcilier avec mon ombre. S'il y a encore parfois des batailles, je n'y participe pas activement. Je les laisse se dérouler sans moi et je garde ma paix, sachant que l'Amour ne tient pas compte du mal et qu'Il couvre une multitude de péchés. Je veux vivre de la perfection de Dieu et non de la mienne construite à coups d'efforts.

Sainteté pour l'an 2000 » Chapitre 22: Ma vision de Dieu

Pour contempler Dieu, il me faut transcender tout ce qui n'est pas Lui mais je ne peux y arriver par des moyens naturels, mon psychisme étant incapable de Le connaître car Il outrepasse son domaine, de nature matérielle, tandis qu'Il est spirituel. Il y faut donc la touche de l'Esprit Saint pour effectuer le passage. En effet, par mon conditionnement psychique, je perçois Dieu seulement comme un être plus ou moins bon, selon mon expérience affective vécue avec mes proches et enregistrée dans mon subconscient. Sans une certaine forme de révélation intime, même ténue et obscure, je ne peux sortir de mon carcan. C'est le travail intérieur de l'Esprit Saint qui change peu à peu ma perception de Dieu en me révélant l'Amour.

Toute la connaissance reçue de Dieu correspond exactement à ce qu'Il me fait vivre de Lui intimement. Il me donne la Tendresse: Il est Tendre; la Bonté: Il est Bon; la Miséricorde: Il est Miséricordieux; l'Ivresse: Il est Fou d'Amour; le Plaisir: Il est Voluptueux; le Bonheur: Il est Bienheureux; la Liberté: Il est souverainement Libre; le Désir de Lui: Il est appétence de moi; Les délices de l'Amour: Il est purement Délicieux; la Longanimité: Il est infiniment Patient; Le Pardon: Il est Indulgent. En résumé, j'ose dire qu'Il me va à merveille car dans son étreinte amoureuse, j'ai la révélation de mon être profond.

En relisant le dernier paragraphe, je trouve significatif de ne pas avoir mentionné Sa Justice. Ce fut longtemps en effet pour moi une pierre d'achoppement et ça l'est encore pour beaucoup de gens. J'ai alors la joie ici de développer spécialement cet attribut.

Dans le langage biblique, un homme est dit juste quand il agit selon son coeur. Cela n'a rien à voir avec le droit sous toutes ses formes où le bon est récompensé, le méchant puni et où chacun revendique ses titres. Pour Dieu, être juste, c'est intervenir confirmément avec ce qu'Il est: L'Amour qui pardonne, guérit et élève l'autre jusqu'à Lui afin qu'Il puisse aussi être l'Amour et réaliser ainsi son plein épanouissement humain et spirituel. Comprise ainsi, la justice de Dieu est loin de s'opposer à ses autres attributs. Au contraire, elle se reflète dans toutes ses autres qualités et celles-ci se retrouvent en elle. Autrement dit, quand je contemple un caractère divin, tous les autres sont aussi inclus en lui car Dieu est un.

Dieu est un Père qui, après s'être tout donné à son enfant, le regarde vivre librement et Se complaît en lui. Son enfant s'éloigne-t-il de Lui? Il ne cesse de l'aimer et d'attendre son retour impatiemment car Sa vie, c'est son fils et la vie du fils, c'est son Père. Il sait que les deux ne peuvent être heureux qu'unis dans l'Amour qui est désappropriation de soi-même au profit de l'autre; le Père se donnant au fils et le fils, se recevant du Père, s'offrant à Lui

Mon intuition de Dieu est appelée à se clarifier toujours davantage et demande sans cesse à s'affiner à mesure que la spiritualisation de plus en plus subtile de mon être s'épanouit. Cela me permet de penser que rien n'est jamais statique dans la théologie. L'Esprit Saint est assidûment à l'oeuvre pour me donner accès encore plus aux profondeurs secrètes de Dieu.

Sainteté pour l'an 2000 » Chapitre 23: Il a changé mon regard

Les yeux de l'Amour sont indispensables pour bien saisir la réalité. Cette façon de voir me mène au-delà de moi-même et, paradoxalement, me conduit dans mon coeur, où Dieu habite. Pour mon psychisme blessé, seule une réalité déformée peut se présenter à lui, ne pouvant l'imaginer et la comprendre autrement à cause de ses blessures inconscientes. En fait, elle demeure elle-même mais ma perception est brouillée en projetant toujours la partie blessée non reconnue de mon être sur autrui pour m'en défendre et tenter impossiblement de m'en défaire. Ce processus psychologique inconscient m'emprisonne en moi-même en me poussant toujours à me justifier d'avoir raison et de voir la réalité selon mon impression. Cette dernière me fait souffrir et je veux la changer sans penser un seul instant d'avoir partie liée avec elle par mes manières erronnées de juger et d'agir. Je suis en fait l'auteur inconscient de mon propre malheur.

Pour en sortir, il me faut penser et me comporter autrement, mais mes attitudes sont tellement profondément ancrées en moi qu'elles se révèlent à mon insu et rejoignent les autres imperceptiblement. Je reçois alors, dans la même mesure, le choc en retour de mes projections instinctives, car nous sommes des miroirs les uns pour les autres. Étrangement, aucun changement profond n'est possible sans d'abord l'accueil de ce qui est. Je dois alors mettre le doigt sur le bobo avant de penser à le guérir. En effet, en n'allant pas à la racine du mal, je pourrai essayer longtemps toutes sortes de thérapies, cela ne servira à rien. La désolation continuera tranquillement son oeuvre à un point tel qu'il me faudra bien un jour en prendre conscience et m'en intéresser.

Dieu m'attend là, dans ma misère profonde, pour me délivrer. En croyant pouvoir m'en sortir seule, j'essaie toutes sortes de moyens et je vais d'échec en échec. Je ne peux en effet sortir par moi-même de mon processus psychique puisque je le vois comme un état de faits immuable tandis qu'il n'est qu'un méli-mélo de ce que j'ai assimilé au niveau émotionnel pour survivre dans mon enfance. Ce mécanisme est inconscient mais il me mène à mon insu et je me rends compte de ma dualité, avec l'aide de ma conscience. Constatant mon dualisme, je découvre mon esclavage car mon comportement traduit et trahit mes blessures intérieures et se révèle en contradiction avec ma volonté. Saint Paul a vécu le même dilemme mais il dit aussi que si l'Esprit Saint m'habite, je ne suis plus sous la Loi car Il a le pouvoir de me sortir de mon inconscience pour me revêtir de la conscience de Dieu.

Cette dernière est l'Amour me permettant de constater sereinement mes blessures et de les accepter sans chercher à me défendre. Je n'ai d'ailleurs plus à le faire car je ne me sens plus du tout menacée car cet Amour est inconditionnel et Il ne tient pas compte du mal. Délivrée enfin de moi-même, mon regard a gagné en profondeur et il juge maintenant au-delà des apparences. Je comprends maintenant qu'au plus intime de tout être humain loge un petit enfant assoiffé d'Amour et profondément blessé.

Sainteté pour l'an 2000 » Chapitre 24: Mon Dieu dépend de moi et je dépends de Lui

Sans moi, vous ne pouvez rien faire, dit Jésus. Cela est aussi vrai que sans moi, Dieu a les mains liées. Co-dépendance de pauvres! Pourtant ultime liberté laissant l'autre être lui-même tout en étant unis dans l'Amour. Moi, gouffre béant, aspirant vers Lui et Lui, don absolu de Lui-même. Par mon consentement à me laisser aimer, je Lui donne la permission d'être pour moi l'Amour et de ce fait, je deviens ce qu'Il est car de moi-même, je ne suis rien. Dieu a beau être le créateur de l'univers, sans moi, Il ne peut être manifesté dans mon corps et par mon corps. Sa volonté créatrice veut s'incarner car l'être humain est Son chef-d'oeuvre formé à Son image et à Sa ressemblance dans son achèvement ultime.

Cette perfection étant inscrite au plus profond de moi-même, il me faut conscientiser mon être. Cependant, cela ne peut se réaliser en dehors de l'expérience de l'Amour car Lui seul peut me révéler à moi-même. Tout le potentiel est présent mais il y faut l'allumage de l'Esprit Saint pour le développer jusqu'à maturité. En effet, par ma naissance charnelle, j'ai hérité de la race humaine d'un gros lot de déterminismes et de comportements inconscients m'enchaînant aux valeurs ambiantes et aux manières de penser et de réagir de mon entourage. Je tourne alors en rond sans pouvoir en sortir car le psychisme est ainsi façonné qu'il s'organise toujours pour fuir l'inconnu. Toutes les raisons sont bonnes pour se justifier et il ne faut pas l'en blâmer car il n'est pas en son pouvoir d'aller au-delà de lui-même. C'est le sens de la Parole affirmant que ce qui est né de la chair reste chair. Il me faut donc naître de l'Esprit Saint afin de la délivrer d'être plus longtemps un obstacle à mon épanouissement dans la vraie liberté. En effet, la vie spirituelle la transfigure et la rend docile pour accomplir la volonté de Dieu qui, soit dit en passant, est la mienne propre enfouie au plus profond de moi-même car dans l'Amour tout est unifié.

En accueillant Son Amour, je Lui permets de se manifester en moi et ainsi d'être pleinement révélé car Il est vraiment Lui-même quand Il se donne. Par cette grâce, Il réalise Son image et Sa ressemblance en moi et ainsi je découvre ce que je suis en vérité: L'Amour. Ma pauvreté existentielle rejoint alors la Sienne. Je suis pauvre car sans Lui je ne suis rien et j'attends tout de Lui. Il l'est aussi, bien qu'étant tout, Il ne possède rien. Il se désapproprie complètement de Lui-même au profit de l'autre et c'est en se donnant totalement qu'Il est pleinement Lui-même. De même pour moi, en me recevant toute de Lui et en m'y donnant sans réserves, je deviens pleinement moi-même et semblable à Lui, dans l'Amour.

Sainteté pour l'an 2000 » Chapitre 25: La création se poursuit à travers moi

La création n'est pas statique mais dynamique, Dieu crée et recrée à chaque instant. Il invente du neuf et Il produit même à partir de la mort. Pour Lui, elle n'est pas un échec mais un tremplin vers quelque chose d'encore plus beau. L'être humain en est Son chef-d'oeuvre mais il est encore inachevé et c'est mieux ainsi. En effet, étant parachevé, il n'aurait pas le choix d'entrer ou non en relation avec Lui puisqu'Il est son accomplissement. Dieu a cependant déposé en lui un germe le poussant à ne pas se satisfaire de sa finitude car il est fortement appelé à la plénitude de l'Amour.

Dieu n'a pas la faculté d'aimer ou non. Il est l'Amour parfait. Il ne l'a pas non plus de créer ou de s'abstenir. Il est le Créateur. Le paradoxe de Sa souveraineté réside dans le dépouillement complet de Lui-même pour se donner entièrement. Créée à Son image et à Sa ressemblance, je suis appelée à devenir libre comme Lui, en ne m'appartenant plus moi-même. Dans l'attente de cette ultime réalisation, j'ai une marge de manoeuvre me permettant de faire des choix, ce qu'on appelle le libre arbitre. Il est presque toujours associé à la liberté mais la possibilité de choisir sans vouloir en assumer les conséquences me renferme plutôt en moi-même, en apportant sa part d'amertume. À mon avis, un choix vraiment libre est orienté vers le bien et va au bout de lui-même. Dans cette optique, choisir le mal n'en est pas un puisque cela contredit ma nature profonde qui est tournée vers le bien. Je me renie ainsi en allant à l'encontre de ma vocation au bonheur. En réalité, la personne qui choisit le mal ne le fait pas parce que c'est mal mais parce qu'elle croit y trouver un bien pour elle-même car dans le fond, l'être humain recherche toujours son bien-être même s'il s'y prend de la mauvaise façon. La liberté et le libre arbitre se donnent la main quand ce dernier s'exerce dans le choix entre deux ou plusieurs bienfaits, sans vouloir nuire à personne. Sinon, la souffrance sera au rendez-vous pour signifier qu'il y a désordre et inciter à y remédier, toujours dans la poursuite du bien véritable.

Il n'y a pas de liberté sans Amour puisque la vraie liberté se vérifie dans le don de soi. Il faut donc, pour y parvenir, être délivré de tous les obstacles à l'Amour. Quand je suis unifiée, je suis créatrice de moi-même par Dieu, avec Dieu et en Dieu. Si je fais un choix allant à l'encontre de mon être profond, je me blesse et je me rends compte ainsi que je ne suis pas dans la vérité. La souffrance est alors à mon service.

Dieu veut me conduire à mon ultime accomplissement dans l'Amour en étant sa partenaire égale par Sa grâce et différente aussi par le fait d'être Sa créature. S'Il m'avait créée parfaite, je n'aurais pas la joie de Le désirer puisque je serais pareille à Lui. La souffrance de la séparation rend la rencontre vraiment merveilleuse car soumise aux lois cosmiques où tout est évalué par contraste, j'ai besoin de connaître les deux côtés de la réalité pour pouvoir apprécier l'un et l'autre et choisir en toute connaissance de cause.

La recherche de beauté et de perfection me révélant à moi-même me donne le goût de créer. Je souhaite toujours aller plus loin dans mon investigation car de cette façon, j'apprends à me connaître davantage et cette connaissance profonde m'ouvre à celle de Dieu en expérimentant mes limites qui appellent à être dépassées par un au-delà de moi-même.

Sainteté pour l'an 2000 » Chapitre 26: Le chemin de ma sainteté est pour les faibles qui n'ont aucun courage

Comment être forte et courageuse en face d'une mission qui me dépasse complètement? Il est peut-être relativement facile de combiner ces qualités pour atteindre un but connu et entrevu comme accessible, même si je sais que je devrai y mettre beaucoup d'efforts et de persévérance. Le chemin m'en est tracé à l'avance par l'expérience des autres et tout en gardant ma personnalité, je peux le suivre et en mesurer le succès ou l'échec des différentes étapes à franchir. Il en est ainsi dans les débuts du cheminement spirituel. Remplie d'illusions, je crois connaître l'objectif et je me le représente abordable. D'autres sont passés par là, pourquoi pas moi? Je dispose d'ailleurs de nombreux exemples de saints et de saintes arrivés au terme après une longue vie d'efforts et de sacrifices. J'entends aussi beaucoup de prédicateurs me donnant de croire que par une conduite morale irréprochable, j'atteindrai mon but. Je m'attelle donc à la tâche tant bien que mal, plutôt mal.

S'il y a des ratés, ce n'est pas grave. J'ai appris la miséricorde de Dieu et Il est prêt à me pardonner si j'ai un repentir sincère. Je vais donc au sacrement de la réconciliation et je m'accuse, la gorge serrée et la peur au ventre, d'une ou deux peccadilles. J'en ressors cependant avec un certain soulagement et je me dis que ce n'était pas si pire. Le hic, c'est que je n'ai pas révélé ce qui me tenaillait le plus, de peur d'un refus d'Absolution. Je sais qu'en magasinant, je pourrais trouver un prêtre compréhensif et large d'esprit mais ma conscience psychologique étant très délicate, je sais aussi que cela ne suffirait pas à me libérer car, je le sais maintenant, à cause de mes blessures profondes, je ne pouvais croire en l'Amour. Je ne Le connaissais d'ailleurs pas. Ce que je croyais en connaître n'était qu'un amour défiguré me blessant et me culpabilisant. Je vivais une impasse. Tout mon savoir sur Dieu était inapte à me faire vivre pleinement. J'étouffais!

Dans cet état d'extrême souffrance, ma libération est proche. Je vois bien qu'il n'y a rien à faire et que je suis faible et sans courage. Là et là seulement, dans ma profonde détresse, Dieu a le chemin libre pour se révéler à moi. Et quelle révélation! Pourquoi faut-il en être rendue à cet état misérable pour connaître l'Amour? Pourquoi ne se manifeste-t-Il pas avant? C'est bien simple. L'Amour de Dieu est tout-à-fait gratuit, sans aucun mérite de ma part. S'il fallait qu'Il se donne à moi sans que je sois dans la vérité, je croirais facilement être récompensée pour mes efforts, mes sacrifices et mes bonnes oeuvres. Je serais dans une plus grande illusion encore au niveau de la connaissance de moi-même et au lieu que l'Amour me garde dans l'humilité, ce qu'Il est Lui-même, j'en tirerais orgueil et je n'aurais pas de compassion pour la faiblesse des autres.

J'ai compris alors que certains actes ou paroles rapportés de modèles de sainteté proposés étaient le fait de gens encore imparfaitement accomplis par la grâce de Dieu à ce moment-là et qu'Ils étaient en cheminement dans leurs expériences humano-spirituelles. On me citait en effet souvent des phrases dites par tel ou tel saint à un moment donné de sa vie mais elles n'étaient jamais situées dans le contexte de son cheminement. C'est à se demander si la reconnaissance de la sainteté donne crédit rétroactivement à tout ce qui s'est passé avant l'épanouissement dans la grâce et devient parole d'évangile.

Marie-Madeleine, le publicain et l'enfant prodigue sont les grands témoins de la prédilection de Dieu pour les faibles et les sans courage. Il peut ainsi se révéler en eux tel qu'Il est: Amour inconditionnel.

Sainteté pour l'an 2000 » Chapitre 27: Je suis heureuse de vivre en ce siècle

Chaque époque connaît ses grandeurs et ses misères. Au livre de la Sagesse, il est écrit qu'il n'est pas sage celui qui croit à la supériorité des temps anciens. Ils n'étaient ni mieux, ni pires que notre siècle mais tout simplement différents quoique l'humanité n'ait pas vraiment changé. La preuve se trouve dans l'actualité des Écritures nous rejoignant encore aujourd'hui. C'est admirable que Dieu, en restant toujours égal à Lui-même, soit perçu différemment par les êtres humains au fil de l'évolution. Je me réfère ainsi au Dieu des Armées de l'Ancien Testament comparé au Dieu désarmé manifesté en Jésus. Bien qu'Il ait nettement révélé son vrai visage dans Son Fils, l'humanité commence à peine à l'accepter car elle est lente à croire et à accueillir l'Amour.

Je suis heureuse de vivre ici et maintenant parce que c'est pour moi le lieu et le temps d'une connaissance toujours de plus en plus approfondie du visage de Dieu incarné en Jésus de Nazareth. Il était l'homme de son époque et Il influence aussi toutes les autres par l'incarnation de son Esprit au plus profond de tout être humain, au fil du temps. Il n'a pas été cru en son siècle parce qu'Il décevait les attentes entretenues au sujet du Messie. Il a peine à être plus accueilli aujourd'hui car il déconcerte encore, l'être humain recherchant à se sentir en sécurité. Il tarde, le plus souvent, à comprendre que son salut se trouve en Dieu seul. Le Vivant n'est pas figé dans le temps et Il sera toujours au-delà de nos conceptions humaines. À mesure que nous atteignons un certain niveau de compréhension, un autre nous appelle au dépassement. C'est le jeu de l'Esprit Saint nous conduisant à la vérité toute entière dans la temporalité de l'histoire.

Les découvertes de la psychologie moderne sont très précieuses pour comprendre l'enseignement de Jésus, qui avait une excellente connaissance du coeur de l'homme. Il est en effet indissociable de sa dimension spirituelle par laquelle son développement s'accomplit. Je n'insinue pas que ces découvertes soient les clés ouvrant le Royaume des CIeux car on y accède seulement par la grâce de Dieu. Je dis cependant qu'elles rejoignent Sa pensée et en donnent une profonde compréhension car Il était grand psychologue avant la lettre et Dieu se révèle en passant par l'humain.

Dieu n'a pas besoin, pour se manifester, d'attendre les développements de la technologie et de la psychologie modernes. Il travaille les âmes de l'intérieur et s'est toujours laissé connaître d'une certaine façon à travers les âges. Je trouve merveilleux de vivre aujourd'hui en comprenant que chaque pas fait par l'humain à travers son évolution chante la gloire de Dieu car plus il avance, plus sa science semble reculer et plus il contemple l'infiniment grand et l'infiniment petit. Ses découvertes l'aide à se situer dans une plus juste perspective par rapport à lui-même, à Dieu et à l'univers.

Abstraction faite de mon accomplissement ultime en Dieu, sans rapport avec mon époque, j'avoue aimer les avantages et le confort actuels. Je suis bien consciente des multiples inconvénients découlant de ces derniers mais je m'implique pour protéger le plus possible ma planète. Dans le monde matériel, un prix est toujours à payer d'une façon ou d'une autre. Le tout est de savoir bien évaluer les bienfaits versus les inconvénients avant de se lancer, tête baissée, dans toutes sortes d'entreprises qui hypothèqueront potentiellement l'avenir de la Terre à plus ou moins brève échéance. À cette fin, le développement de la conscience spirituelle devrait précéder ou au moins accompagner l'avancement technologique.

Sainteté pour l'an 2000 » Chapitre 28: Comment je donne ma vie

Jésus apporte une paix que le monde ne peut donner et je donne ma vie différemment des attentes de ce dernier. La société recherche la performance et l'efficacité car elle voit à ses intérêts matériels même s'ils bafouent les aspirations spirituelles de l'être humain. Elle consent à l'engagement à condition qu'elle y trouve son compte. Quelqu'un s'engage-t-il au niveau de l'être, en dehors de ses diktats, il n'est bon à rien pour elle et devient une menace, un empêcheur de tourner en rond. Elle n'est pas à blâmer pour cela. Elle ne connaît pas autre chose même si elle y aspire inconsciemment. Le meilleur service que je peux lui rendre, même si elle ne le réalise pas encore, est celui de l'être, d'être moi-même. Elle n'a pas idée des bénéfices qu'elle retirerait à moyen ou à long terme de mon accomplissement personnel. Je m'explique.

Combien de personnes ne sont pas à leur place et par conséquent ne sont pas heureuses dans ce qu'elles font, faute de ne pas se connaître suffisamment? Elles se nuisent à elles-mêmes et aux autres. À un autre niveau, la méconnaissance de soi par rapport à ses blessures intérieures a pour conséquence qu'au lieu d'en prendre la responsabilité, elles sont projetées sur les autres, qui nous les renvoient. Ce jeu déclenche des conflits de personnalité se révélant être, en fait, des luttes avec soi-même qui amènent à vivre dans un climat de tension affectant la créativité. Une connaissance de soi profonde à tous les niveaux est très avantageuse pour tous puisqu'elle mène à l'actualisation de la personne qui peut devenir alors un révélateur du potentiel d'accomplissement des autres, s'ils se sentent attirés. La transformation du monde commence donc en moi, quand je prends conscience de l'intériorité de tout ce que je vois d'extérieur, car ces deux facettes se renvoient l'une à l'autre. Par exemple, le positif et le négatif décelés chez l'autre m'habitent en fait et le juger me condamne moi-même.

Je donne ma vie en l'offrant tout d'abord à Dieu, de qui je la reçois toute entière. Cela se traduit par ma volonté d'accomplir la Sienne allant toujours dans le sens de mon ultime accomplissement dans l'Amour. Ne voir que Lui en toute personne et en tout événement me sort tout-à-fait de moi-même pour me perdre en Lui et réaliser ainsi le don complet de mon être. À l'instar de Dieu, ma vie est au service d'autrui, par opposition à une volonté de domination. Cela ne veut pas dire chercher à combler tous ses besoins, car l'Amour le veut autonome. Je désire rendre le service de l'être en témoignant de l'Amour, en écoutant, en interpellant, en dérangeant et surtout en vivant pleinement moi-même de Dieu, daignant passer par moi, pour rejoindre profondément le coeur de ses enfants.

Ma communion intime en Dieu, avec mon moi profond et le coeur des autres, se répercute dans mon quotidien en se traduisant par l'implication bénévole dans divers services à la communauté, selon mes disponibilités et l'appel du moment. En vivant l'essentiel, je ne m'inquiète de rien et je passe outre les contrariétés de la vie. D'ailleurs ce qui, de prime abord, semble tel peut souvent s'avérer une ouverture pour quelque chose de mieux. Mon entourage bénéficie alors de ma philosophie et reçoit en cela le témoignage, même à son insu, de la simplicité de la Vie. Il se sentira alors peut-être invité à vivre lui aussi l'expérience.

Sainteté pour l'an 2000 » Chapitre 29: Je suis unique et universelle

Dans la nature, il n'y a pas de réplique exacte d'une feuille de chêne, d'un gland, d'un tronc ou d'une racine. Même dans mon corps, la partie droite n'est pas tout-à-fait conforme à la gauche et chaque cheveu de ma tête ne trouve pas son pareil. C'est presque incroyable de voir la nature si diversifiée dans ses moindres détails. Pourtant, malgré son unicité, rien ne ressemble plus à un chêne qu'un autre chêne. Aussi, tous les êtres humains sont différents mais ils s'apparentent par leur espèce.

Comme tel, je ne sais pas comment mon semblable vit sa soif ou sa faim mais par ma propre expérience, j'en ai une bonne idée même si les degrés de tolérance peuvent différer. Il en est de même de tous les aspects de la vie. Pour être proche de l'autre, il me faut m'habiter. Plus je me connais en profondeur, plus je peux le comprendre et je l'accepte dans la mesure où je m'accueille. Mes propres divisions intérieures trouvent écho chez les autres et l'inacceptable pour moi n'est pas toléré chez eux. C'est ainsi car le visible est toujours le reflet de l'invisible. C'est un jeu de miroirs. Ce que j'aime chez l'autre ou ce que je déteste me renvoit toujours à moi-même.

Ma façon de vivre moralement et spirituellement m'est très personnelle, mais la moralité et la spiritualité appartiennent à tous. Mon vécu relationnel m'est propre, mais personne n'est complètement isolé des autres. Ma communion avec Dieu est unique, mais chacun est travaillé intérieurement, même à son insu, car tous aspirent au bonheur. Aussi longtemps que je n'ai pas trouvé ma liberté intérieure en m'assumant pleinement, les autres sont ressentis comme des menaces pour moi puisque je me sens continuellement remise en question et déstabilisée.

L'être humain cherche toujours hors de lui des appuis solides car il a peur de sa vulnérabilité. C'est la raison pour laquelle il a tendance à se grouper par race, nationalité, croyance et culture. Il est toujours en quête de son semblable parce qu'il y trouve une certaine sécurité. Trop d'assurance l'enferme cependant en lui-même et l'empêche d'élargir ses horizons et de reconnaître un frère dans l'étranger. Devenir soi-même libère de la recherche maladive d'appuis auprès des siens en trouvant sa stabilité au plus profond de son intérieur, en Dieu. À ce stade, tout est maintenant relativisé par rapport à l'esprit de groupe en comprenant qu'il doit être dépassé puisqu'il origine dans les structures psychiques qui sont un ramassis de toutes les émotions de l'enfance intégrées inconsciemment dans le but de survivre émotionnellement.

Je me distingue par toutes mes composantes humaines et spirituelles et je ne m'accroche plus à rien de créé pour me sentir en sécurité. Mon assurance est en Dieu seul et l'Esprit Saint me donne d'être à l'aise avec les autres qui sont différents de moi par leurs manières de vivre et de penser mais qui me rejoignent dans leurs besoins fondamentaux et leurs aspirations profondes. Je suis unique par ma spécificité et universelle par l'Amour qui m'habite et dont le seul désir est d'unifier.

Sainteté pour l'an 2000 » Chapitre 30: Je suis libre

La vraie liberté est intérieure et se constate pleinement en prison, comme le ciel se vérifie dans l'enfer. Elle est en lien profond avec la paix du Christ que le monde ne connaît pas et ne peut enlever. Elle est inhérente à l'être profond révélé à lui-même par l'Amour et le résultat d'un détachement universel de soi, des êtres et des choses.

La vérité libère, dit Jésus. Quelle est cette vérité qui me rend libre? C'est celle par laquelle je découvre l'Amour inconditionnel de Dieu. Dès lors, je n'ai plus à cacher ou à fuir le côté obscur de mon être. Cela ne sert d'ailleurs absolument à rien puisqu'il se manifeste quand même à mon insu et fait des ravages en me faisant vivre des situations pénibles. L'Amour éclaire mes blessures profondes et mon côté ombrageux vient à la Lumière afin d'en prendre conscience et l'accepter car il ne demande qu'à être reconnu et aimé. L'Amour le transforme alors pour l'harmoniser avec mon côté plus clair et faire en sorte de ne plus me sentir déchirée intérieurement. Délivrée enfin des obstacles à la maîtrise de moi-même, j'ai perdu mes illusions m'empêchant d'être dans la vérité et, par là, d'être libre. En effet, vivant dans la peur du rejet, je suis bien obligée instinctivement de les entretenir car elles me gardent du désespoir de ne pas être aimée pour moi-même, telle que je suis.

Je différencie la liberté du libre arbitre. Je ne suis pas libre en naissant mais je le deviens à la mesure de la spiritualisation de mon être. Bien sûr, tout est déjà là au départ, en germe, mais je dois naître spirituellement à moi-même pour le faire grandir et en vivre. Cette naissance à moi-même en Dieu me détache de mon moi superficiel, désigné sous le nom d'égo, et me rend vraiment libre. Le libre arbitre me permet de choisir mais ce n'est pas nécessairement un choix libre et éclairé. Par exemple, le voleur peut décider de passer à l'acte ou de s'abstenir mais s'il décide de commettre son vol et qu'il est pris, va-t-il accepter sereinement les conséquences découlant de la responsabilité de sa décision? La liberté est indissociable de la responsabilité. Je ne parle pas ici de culpabilité mais de reconnaître ce qui est, tout simplement. Se sentir coupable va de pair avec la peur du châtiment, tandis que reconnaître sa responsabilité demande une force intérieure ayant le courage d'accepter les conséquences de ses choix. Jésus était un homme libre car Il était conscient de Lui-même et de Sa mission. Il est allé jusqu'au bout, malgré sa propre prédiction de la fatalité de son destin.

Ma liberté intérieure se manifeste dans la maîtrise de moi-même, en ne réagissant pas automatiquement à des éléments déclencheurs. Elle se réalise aussi quand je me donne la permission d'exprimer mes sentiments et mes émotions sans en rendre les autres responsables. Son sommet est atteint dans l'absence totale de jugement puisque tout verdict porté sur l'autre me revient infailliblement et me condamne moi-même. C'est la raison de l'exhortation de Jésus à ne pas juger. Ce non jugement va aussi jusqu'à ne tenir à rien et à m'en remettre entièrement à la volonté de Dieu qui me guide toujours vers mon plus grand bien, mon accomplissement en Lui.

Sainteté pour l'an 2000 » Chapitre 31: Je suis en sécurité dans ma nuit

L'influence de l'Esprit Saint est la cause immédiate de l'entrée dans ma nuit spirituelle. CEla s'explique par le fait que Dieu étant le Tout-Autre, Sa lumière m'éblouit et je n'y vois rien. Cette nouveauté demande un certain temps d'adaptation pendant lequel je me sens perdue par rapport à ma manière habituelle de penser et d'agir. Voilà que toutes sortes de phénomènes se produisent hors de mon pouvoir de les empêcher ou de les maîtriser. La mémoire s'enfuit souvent et moi qui en avais une très bonne, une mémoire d'éléphant, je ne peux plus trop compter sur elle. Mon jugement est parfois tellement affecté que je n'en reviens pas des mauvaises décisions prises. La volonté ne sait plus ce qu'elle veut et sent son impuissance. QUant à l'intellect, il ne comprend plus rien et est tout perdu. C'Est la désorganisation totale de mes facultés. CEtte nuit est pourtant très bénéfique car elle est le signe d'une transformation intérieure. Je ne vois pas, en effet, comment être convertie profondément tout en continuant ma vie comme si rien n'était.

Je suis en sûreté dans ma nuit car ne sachant pas du tout où je m'en vais, l'Esprit SAint prend la relève et me conduit à bon port, à mon insu. Ma sécurité consiste à vivre de foi pure, ce qui est déjà un don de Lui. CEla dit, il n'est pas du tout évident de vivre cet état, surtout si la connaissance de cette étape de la vie spirituelle fait défaut. C'est le plus souvent le cas car je vis dans un siècle très laïcisé où il n'est à peu près jamais question de cette dimension essentielle de la vie. PAr contre, je n'en veux pas du tout à mon époque car ces phénomènes n'étaient vraiment pas beaucoup plus connus dans les temps passés pourtant beaucoup plus religieux, en apparence, mais non nécessairement plus spirituels ou mystiques. L'Esprit Saint suscite cependant toujours des saints à tous les âges.

En conséquence du désarroi total de mes facultés, je suis amenée à faire confiance totalement à l'Esprit Saint et à m'y abandonner complètement puisque je ne suis plus du tout habilitée à me diriger par moi-même, ma volonté étant devenue vraiment impuissante. Je dis bien être amenée car la foi pure et l'abandon sont des gracieusetés de DIeu. Il n'est pas dans la nature de l'être humain d'y parvenir par lui-même car la fonction du psychisme est de sauvegarder à tout prix son propre fonctionnement, rattaché à l'intellect et aux émotions. Vivre cette confiance et cet abandon en l'Esprit Saint est pour moi source de très grandes grâces car DIeu comble celui qui se confie en Lui. REndue à cette étape, les obstacles au don que DIeu veut me faire de Lui-même sont renversés, étant donné que le but de tous ces chambardements est assûrément de me purifier, pour me rendre apte à jouir de Lui et ainsi parvenir à être de plus en plus confirme au Christ, révélation parfaite du Père.

Je dois nécessairement démissionner de mes propres moyens de salut puisqu'Ils se révèlent inadéquats pour le but visé. Il m'est cependant impossible d'en prendre l'initiative car je me sens trop menacée à cause de ma nature humaine cherchant toujours des appuis à sa portée. L'Esprit Saint n'a donc d'autre solution, pour m'arracher à cet esclavage, de me faire entrer dans cette nuit bienfaisante, quoique douloureuse, où je me sens humainement perdue mais où DIeu a le loisir de me trouver et de S'unir à moi.

Sainteté pour l'an 2000 » Chapitre 32: Qui perd gagne

"Qui veut garder sa vie la perd et qui perd sa vie à cause de Moi la gagne". Qu'elle est la signification de cette parole de Jésus? Bien des interprétations en ont été données. Je vous livre la mienne, pleine de sens pour moi.

Durant mon enfance, dans le but essentiel d'être aimée, j'ai dû construire et adapter ma personnalité pour tenter de satisfaire les personnes émotivement significatives pour moi. Pour être reconnue et aimée, j'ai automatiquement refoulé dans mon inconscient tout le bagage qu'elles jugeaient inacceptable. J'ai développé ainsi des "patterns" qui sont des modèles répétés machinalement lorsque des occasions similaires à mon vécu d'enfant se présentent à nouveau. S'ajoute à cela tout un mécanisme de défense appelé projection. Cet automatisme agit de façon à révéler par la projection faite sur l'autre tout ce qui est enfoui dans mon inconscient et que je ne veux ou ne peux voir car seul l'Amour peut me donner de me regarder lucidement et de m'accepter sereinement.

Les "patterns" et les projections se combinant si bien, je ne réalise pas que je suis en fait l'ombre de moi-même. En vérité, je suis menée à mon insu par une foule d'individus intérieurs non-reconnus mais faisant partie de moi et ils ont la partie belle pour me faire tomber dans toutes sortes d'incohérences. Alors, comme saint Paul, j'expérimente ma dualité en agissant dans le sens contraire de ma volonté. Je suis divisée en moi-même et tout royaume intérieurement morcelé ne peut subsister. C'est le sens de "qui veut garder sa vie la perd". Cette personnalité tronquée d'une partie d'elle-même enfouie dans l'inconscient, c'est le vieil homme selon saint Paul. Il cherche à préserver sa vie à tout prix à cause de son instinct de survie lui donnant de comprendre, mystérieusement mais clairement, que s'Il se révèle différent de ce qu'il a toujours montré, il sera rejeté par ses pairs et il ne pourra le supporter. Pourtant, son semblant de vie est une aliénation, un esclavage de lui-même. C'est la raison pour laquelle Jésus exhorte à perdre cette vie qui, vraiment, n'en est pas une; c'est plutôt une forme de mort.

Si, par la lumière de Dieu, je prends conscience de ma folie et de ma servitude, je chercherai la liberté car je suis créée pour elle et cette dernière est le fruit de la Vérité. La révélation du vrai me fera prendre pleinement conscience de ce qui est caché au fond de moi, l'ombre et la lumière, et me donnera de l'accepter pleinement car tout est là pour me costruire intégralement dans l'Amour. Jésus désire pour moi une vie conforme à la Sienne, débordante d'amour et de liberté. Il m'invite à me donner entièrement à Lui pour qu'Il ait le loisir de rassembler toutes les parties éparses de mon être et de réaliser ainsi en moi le chef-d'oeuvre rêvé de toute éternité dans le coeur du Père. Celui qui perd sa vie la gagne car Dieu ne détruit pas la nature, Il la perfectionne. Il s'agit de renoncer à mon seul moi superficiel, incapable de me combler pour plonger au plus profond de moi-même où se trouve la vie de l'Esprit. Il me transforme toute entière par le don de Sagesse qui harmonise les contraires.

Sainteté pour l'an 2000 » Chapitre 33: L'oubli de soi

J'associe l'oubli de soi avec la liberté intérieure car il s'agit de dépasser mon égo équivalent pour moi au vieil homme évoqué par saint Paul pour vivre selon l'Esprit, mon véritable moi profond. Mon égo n'est pas libre et ne peut l'être car il se compose d'un ramassis de déterminismes instinctifs hérités de ma culture, de mes relations avec mes proches et de ma façon inconsciente d'avoir intégré mes expériences affectives. Il est dans sa nature de se préserver coûte que coûte quand il croit son existence menacée. En réalité, il est prisonnier de lui-même, empêchant l'ouverture à Dieu, aux autres et à sa meilleure alliée, sa dimension spirituelle. Il cherche toujours à se défendre, se croyant sans cesse menacé. Il vit tellement dans la peur d'être blessé qu'il se replie sur lui-même et se crée un monde à lui, en dehors de la réalité. Il projette sur les autres ses problèmes, voulant inconsciemment se débarrasser de sa souffrance qui le tenaille toujours. Seule l'influence de l'Amour lui permettra enfin de voir clair en lui et de s'accepter inconditionnellement. Autrement, son conscient et son inconscient se livrent une bataille continuelle où il ne semble pas y avoir d'issue car il y faut la lumière de l'Esprit Saint pour ouvrir à de nouvelles perspectives.

Je m'oublie moi-même en refusant à la peur le droit de me paralyser, pour faire confiance à la Vie. Cette attitude est rendue possible grâce à la certitude intime d'être guidée et protégée car autrement, il m'est impossible de l'affronter seule puisqu'elle fait partie intégrante de l'égo impuissant à se dépasser. Une autre façon de m'oublier est de garder contact avec ma paix intérieure au lieu de réagir promptement aux attaques subies par mon égo. Ce comportement est facilité par le sentiment d'être aimée sans condition. Je n'ai ainsi plus à être sur la défensive pour tenter de sauvegarder mon image. Seul mon être profond m'intéresse et il est inviolable.

Finalement, la plus haute forme de renoncement consiste à regarder toujours vers Dieu. Tout mon être tournant autour de Son Amour et de Sa Volonté, il me reste plus de temps et d'espace pour m'apitoyer sur mon sort d'enfant blessé. Cela ne signifie pas de m'oublier jusqu'à perdre la conscience de moi-même et de ne plus prendre soin de moi; au contraire. Cet oubli se rattache à ma partie aliénée. Elle s'est formée inconsciemment et tant qu'elle n'est pas démasquée, je n'ai pas de prise sur elle. Elle a ainsi beau jeu de me mener à mon insu aussi longtemps que la lumière de l'Esprit Saint ne l'éclaire pas.

En prenant conscience de mes blessures intérieures et en les acceptant, la paix s'installe. Ces blessures cessent de vouloir se manifester à tout prix en se projetant sur les autres et en me faisant réagir promptement. Je deviens ainsi maîtresse de moi-même, en ayant l'emprise nécessaire pour agir librement en toute conscience et connaissance de cause, en dépassant mon égo.

Sainteté pour l'an 2000 » Chapitre 34: Ma longue convalescence dans les bras de Dieu

Dans la création, grâce à des conditions de vie optimales, tout vivant arrive à sa pleine maturité chacun à son rythme et selon sa nature. Les circonstances sont-elles plus difficiles? Les animaux et la végétation s'adaptent à la situation et se développent plus lentement. Par ailleurs, pour des blessures plus ou moins profondes, le temps s'ajuste afin de les guérir, tout en permettant de continuer tranquillement la croissance. Le processus est le même pour l'être humain. Rares sont ceux qui grandissent dans des conditions idéales à tout point de vue; je me demande même s'il en existe. Après mûre réflexion, je n'y crois pas car il y a toujours au moins une faille quelque part, étant tous des êtres inachevés. En principe, conditions difficiles et blessures ne sont pas nécessairement liées, mais dans les faits, cela est inévitable. Nous sommes donc tous, pour une raison ou une autre, des êtres plus ou moins blessés profondément.

Je ne veux pas comparer mes blessures avec celles des autres. Je peux toujours trouver pire mais cela ne me donne pas de satisfaction et je reste quand même aux prises avec elles. Trop à vif, elles me paralysent ou du moins me freinent énormément dans l'expression de mon intimité, dans la crainte d'être blessée davantage. J'ai ainsi eu besoin d'une longue convalescence dans les bras du Père. Pendant une dizaine d'années, je me suis laissée aimer, travailler et guérir par l'Esprit d'Amour. Je n'ai d'ailleurs pu faire autrement car toutes les portes et les fenêtres m'étaient fermées, du moins au début des manifestations intimes de Dieu. Il envoyait cependant sur mon chemin, à l'occasion, des personnes à qui je pouvais me confier, quand j'en avais vraiment besoin.

Peu à peu et à mesure de ma guérison intérieure, je m'affermissais dans le Seigneur, mon horizon s'élargissait davantage et j'étais de plus en plus à l'aise avec les gens rencontrés au fil de mon quotidien, dans diverses situations de vie. J'ai pris conscience que ce ne sont pas les personnes qui me blessent. Elles sont plutôt des éléments déclencheurs me rejoignant dans mes blessures profondes et provoquant en moi de vives réactions, tel un catalyseur.

Je l'ai enfin compris, un temps est propice pour tout et l'épanouissement ne se force pas. Malgré les apparences et les retards supposés, tout arrive à point pour qui s'abandonne vraiment à la volonté de Deu. L'évidence n'est cependant pas toujours au rendez-vous car beaucoup de choses nous échappent. Tout considéré, je n'ai rien perdu à attendre et à ne rien forcer; au contraire, je me sens en pleine possession de mes moyens parce que, justement, je ne compte nullement sur eux mais seulement sur la grâce de Dieu. Il accomplit tout par moi, avec moi et en moi, au-delà de mes espérances. Ce livre en est le témoignage. Je vois le signe de son inspiration dans le fait de ne rien retenir à mesure que j'écris. Je reçois tout le nécessaire dans l'instant.

Sainteté pour l'an 2000 » Chapitre 35: Ma prière: me laisser aimer

Saint Paul écrit: "Nous ne savons pas prier mais l'Esprit en nous s'exprime par des gémissements ineffables". Ma prière authentique vient donc de l'Esprit Saint m'habitant et connaissant mieux que moi ce dont j'ai le plus besoin. En deux mille ans de christianisme, saint Paul n'a pas souvent été pris au sérieux puisque, encore aujourd'hui, rares sont ceux qui s'abandonnent exclusivement à la prière de l'Esprit Saint sans vouloir y mettre d'une certaine façon leur grain de sel. Je ne prétends pas être toujours dans la prière pure car elle est don de Dieu et Il la donne quand Il veut. J'affirme cependant ne tenir nullement compte de tout ce qui se passe pendant le temps spécifique de prière que je Lui offre. Je perds humainement carrément mon temps et c'est bien ainsi. Je Lui remets tout simplement ce qui Lui appartient.

Je n'ai jamais suivi de méthodes de méditation et les prières vocales répétitives appartiennent au temps de ma jeunesse. En ce qui a trait aux techniques de respiration, il n'en est pas question pour moi car mon expérience est très probante à ce sujet. Dieu n'a nul besoin d'aucune méthode ou technique pour se manifester à l'âme; Son Amour suffit. Tous les moyens sont donc appelés tôt ou tard à être abandonnés au seul profit de l'initiative de Dieu conduisant tout à son ultime accomplissement. Certaines conditions sont cependant nécessaires pour vivre la prière du coeur, comme le calme et le silence. L'essentiel réside toutefois dans l'attitude intérieure de confiance en l'Esprit Saint me conduisant au plus profond de moi-même, où se célèbrent les divines épousailles.

L'essentiel de ma prière consistant à me laisser aimer, c'est en tout temps et en toutes circonstances que j'aime me reposer sur le coeur de Dieu et me laisser bercer par sa tendresse. Je suis une assoiffée d'Amour et tout en étant comblée, je n'en suis jamais rassasiée. C'est absolument merveilleux car cela signifie que ma capacité de recevoir l'Amour peut se déployer à l'infini, tout en laissant place au désir qui est un soupir d'amour attirant l'Amour.

Dieu est pur don d'Amour et toute Sa joie est de Se donner entièrement à moi. Le but ultime de la prière est ainsi atteint. Toute prière réclamant moins que Dieu Lui-même est indigne de l'être humain car cela laisse entendre qu'il peut se contenter de peu alors qu'il aspire, au contraire, à l'infini.

Puisque ma prière est en fait celle de l'Esprit Saint, je suis sûre d'être exaucée car Jésus a dit: "Quand deux ou trois sont réunis en Mon Nom, Je suis là au milieu d'eux (en eux)" et "Tout ce que vous demanderez en Mon Nom, croyez que vous l'avez déjà reçu et cela vous sera accordé".

Sainteté pour l'an 2000 » Chapitre 36: Un bonheur qui ne dépend de rien

J'entends souvent dire qu'il n'y a rien de gratuit sur la Terre, que tout se paye d'une certaine façon. Il n'est pas toujours question d'argent mais d'investissement personnel. En effet, pour bien réussir ses études, il faut étudier sérieusement. Pour harmoniser sa vie de couple, chacun doit y mettre du sien. Pour prospérer en affaires, le travail est la règle, etc, etc. On fait aussi sa chance soi-même en travaillant sur soi, par la pensée positive ou différentes thérapies. C'est juste jusqu'à un certain point, à condition d'être assez bien doué et de ne pas être trop profondément blessé. Les premiers sont déjà gagnants au départ et n'ont pas trop de difficultés pour s'intégrer au système. Ils sont récompensés à peu près proportionnellement aux efforts fournis. Mais qu'en est-il de tous ceux qui commencent leur vie handicapés à la base, pour une raison ou une autre? Ils voudraient bien aboutir comme les autres mais n'y arrivent pas. Tout va de travers pour eux et ils ne sont pas capables de s'en sortir. Ce sont des pauvres à différents niveaux: matériel, moral, spirituel.

Cela dit, le bonheur est-il nécessairement apparenté au succès, dans quelque domaine que ce soit? Selon mon expérience, non. Je peux trouver beaucoup de satisfactions dans la réalisation de mes entreprises mais il est au-delà. Seule l'expérience me révèle ce qu'il est vraiment. Autrefois, je me disais heureuse, étant comblée à tout point de vue. Pourtant, une boule intérieure m'étouffait. Aujourd'hui je sais que j'étais travaillée profondément par ma soif de bonheur absolu. Ce dernier vient du ressenti intime de l'Amour de Dieu et ne dépend absolument de rien d'autre, même pas de mon investissement spirituel. Il est don gratuit de l'Amour. Voilà la révélation de ma vie et je la proclame à temps et à contretemps. C'est la bonne nouvelle annoncée par Jésus-Christ, si souvent incomprise. L'être humain cherche toujours un bonheur à sa portée et le trouve parfois, jusqu'à une certaine limite. C'est un sentiment, une paix psychologique se manifestant alors que tous les éléments favorables sont réunis. Il suffit cependant d'un rien pour le menacer car il est très fragile. La béatitude de Dieu ne peut m'être enlevée car elle n'appartient pas au domaine psychologique. Elle se vérifie même dans l'enfer. En effet, j'ai vécu des situations humaines très difficiles à supporter, surtout psychologiquement, où je me sentais intérieurement remplie et transportée de joie. J'avais le goût de chanter et de danser et je ne m'en privais pas, malgré la situation infernale manifestée autour de moi et les sarcasmes qui n'y manquaient pas.

Eh bien, ce bonheur-là ne demande qu'à être acceilli. Je le répète, il est absolument gratuit, sans aucun mérite de ma part. C'est le Royaume des Cieux promis aux pauvres, à ceux qui se sentent complètement démunis et impuissants intérieurement mais comptent exclusivement sur Dieu pour tous leurs besoins, avec une confiance inébranlable en Sa miséricorde infinie. Cette attitude est aussi don de Dieu.

Sainteté pour l'an 2000 » Chapitre 37: Ma vocation: jouir de Dieu

En cette aube du 27 mai 1998, dans un état de jouissance délirante, il m'a été donné de comprendre avec clarté que j'ai reçu mission essentielle de savourer Dieu de toutes les façons inimaginables dont Lui seul a le secret. Il m'est impossible d'exprimer par des mots toutes les virtualités, les formes délicieusement abstraites, quoique à la fois bien concrètes, et la sensation extatique manifestée lors de ces visites divines où mon Dieu d'Amour Adoré s'attarde longuement à me faire déguster, dans un plaisir enivrant, la quintessence de ce qu'Il est.

Cette délectation sublime de Lui a des répercussions dans toute ma vie. Elle me transforme en profondeur pour me confirmer à ce que je suis depuis toujours dans le coeur du Père, l'épouse de son Fils bien-aimé. Mon Dieu d'Amour Adoré peut être fier de Lui car Il réussit en moi à se révéler tel qu'Il est, avec toutes les nuances subtiles et sublimes de Son Amour. Je suis certaine qu'Il me dispose à vivre encore beaucoup de surprises car même s'Il Se donne à moi sans réserve, mon âme peut toujours se spiritualiser davantage et devenir encore plus apte à pénétrer les arcanes de Son Amour.

L'Amour a ceci de particulier, c'est qu'Il cherche toujours à se répandre et Il remplit tous les espaces qu'Il trouve car, dit la philosophie, la nature a horreur du vide. Il me suffit donc de devenir espace pour être gratifiée de ses largesses. Ce n'est pas difficile car Lui-même agrandit ma capacité de Le recevoir en me donnant toujours davantage le goût de Lui. Ce travail se fait sans moi et la difficulté vient de croire que je n'ai qu'à me laisser faire car l'humain a tendance à vouloir tout contrôler. Le Royaume des Cieux se vit d'abord dans l'intime de soi-même car c'est essentiellement une relation d'Amour avec Dieu. Il transforme cependant l'extérieur car il est le reflet exact de l'intérieur. Tout est déjà là. Il n'y a qu'à contempler.

Si chaque être humain pouvait, ne serait-ce qu'un seul instant, entrevoir clairement ce à quoi il est appelé, le monde ne serait déjà plus le même. En attendant, je témoigne de mon vécu en ayant la certitude que beaucoup en seront touchés profondément et reconnaîtront en eux leur soif d'Amour Absolu. Je souhaite vivement que mon témoignage en suscite d'autres car le monde a grandement besoin d'hommes et de femmes remplis de Dieu consentant à se livrer par Amour. Le risque est peut-être grand de ne pas être compris et même d'être rejetés mais nul n'est plus grand que le Maître et, dans le Christ, la victoire est déjà assurée.

Le propre de l'Amour est d'aimer sans attendre de retour et de risquer le rejet, tout en demeurant fidèle à Lui-même, dans l'attente éternelle d'un retour toujours possible et ardemment désiré pour le bien ultime de l'aimé. C'est l'option qu'a prise Jésus, révélation parfaite du Père, et c'est devenu aussi la mienne, par Sa grâce qui me soutient et me rend conforme à Lui dans l'Amour.

Sainteté pour l'an 2000 » Conclusion

J'ai pondu ce livre en quarante-neuf jours et ce nombre est très significatif pour moi car c'est sept fois sept. Dans la bible, le chiffre sept indique la plénitude, la perfection. Je l'ai en effet rédigé dans un état de plénitude intérieure et tout ce que vous y trouverez conforme à la vérité vient de Dieu car j'ai conscience que l'Esprit Saint en est l'auteur principal. Je n'ai pas la prétention d'affirmer que tout y est parfait car même si Dieu l'est, Il a l'humilité de passer par moi qui ne le suis pas et il y a toujours risque de pollution de ma part. Ma perfection consiste d'ailleurs à laisser Dieu l'être en moi.

Cet écrit ne vient pas de moi, même s'il en a toutes les couleurs. Un indice pour moi de ce fait c'est qu'après avoir terminé un sujet, je n'ai pratiquement aucun souvenir de ce que j'ai écrit. En me relisant, c'est comme si je lisais le livre d'un autre et je trouve cela très beau et émouvant. Je suis toute étonnée de la facilité et du plaisir éprouvés en l'écrivant. Je me suis vraiment amusée avec les mots et avec mon Dieu d'Amour Adoré. J'ai même entré mon texte dans l'ordinateur et moi qui n'avais jamais rien voulu savoir à ce sujet jusque-là, l'expérience m'a enchanté. J'avoue avoir déjà tapé à la machine à écrire dans ma jeunesse et la multitude de livres lus, depuis une quinzaine d'années, m'a gardée alerte au niveau de l'orthographe et du vocabulaire. Je rends grâce à Dieu de m'avoir préparée de si loin pour cette oeuvre.

Dans mon introduction, il me semblait qu'écrire ce livre ne me demanderait pas trop de travail, car il m'était donné une facilité d'expression et j'étais prête à me révéler. C'est vrai concernant le deuxième fait mais pour le premier, c'est autre chose. Je m'explique. Devant chaque sujet, je n'avais aucune idée de comment le traiter. Tout m'était donné à mesure et je ne savais pas du tout où je m'en allais. Seulement à la fin du chapitre je réalisais que c'était très bien et que le développement était harmonieux et clair la plupart du temps.

Même si j'ai écrit ce livre d'abord pour ma joie et la gloire de Dieu, il aura sûrement des retombées bénéfiques sur beaucoup de personnes car le monde a un urgent besoin d'un témoignage comme le mien. Je suis très fière de mon Dieu et de moi et c'est dans une action de grâce, de louange et d'émerveillement, avec le coeur rempli d'Amour, que je termine ici mon Alléluia!